vendredi 22 avril 2011

CAMEROUN, SÉRAIL: PAUL BIYA SUR LES TRACES DE LAURENT GBAGBO


L'un des journaux qui fendent becs et ongles le ministre de la Défense (Mindef), a annoncé la semaine dernière, qu'après la chute de Gbagbo, ce sera celle de Biya. Le titre est plus qu'affirmatif en grande ouverture du bihebdomadaire Aurore plus, du mardi 13 avril 2011. "Paul Biya sur les traces de Laurent Gbagbo", écrit le journal avec la plus grande force de prééminence. Un peu plus bas, en guise de sous-titre, on peut lire "Les deux boulangers africains", allusion faite à Gbagbo et Biya. A l'intérieur du journal, précisément en page 4, l'article signé de l'éditeur, lui-même, part d'une analyse tirée par les cheveux sur les dernières modifications survenues et voulues par le président de la République dans les textes fondateurs d'Elecam, pour conclure que Paul Biya, aux abois, ferait feu de tout bois pour sortir du viseur de la  communauté, lui qui pêche par sa longévité au pouvoir.
Pis, le journal qu’on dit financé à coup de dizaines de millions Fcfa par Edgar Alain Mebe Ngo'o, écrit que le régime de Yaoundé a fait "tout un battage médiatique pour voir accoucher d'une souris", l'opération qui consistait tout simplement à adapter les textes régissant l'organisation de l'élection présidentielle au Cameroun, aux dispositions prévues par la constitution et les textes organisant Elecam (Elections Cameroon). Ce, expliquant subrepticement que comme Laurent Gbagbo, Paul Biya serait un boulanger qui roule tout le monde dans la farine. Pour l'illustrer, le journal s'appuie sur les 11 propositions qui constituent l'ossature du mémorandum du Social democratic front (Sdf), adressé au régime de Yaoundé et dont l'application était la condition sine qua non, à la participation du parti de Ni John Fru Ndi aux prochaines consultations électorales au Cameroun. Aurore Plus estime que si les réformes apportées au fonctionnement d'Elecam peuvent paraître à même d'apporter les corrections sollicitées également par d'autres ailes dures de l'opposition, elles sont au fond de la poudre aux yeux de tous les activateurs politiques. Et pour conclure, le journal montre en douce qu'en jouant à ce jeu, le chef de l'Etat camerounais pourrait faire les frais de la colère de la France comme son ami le boulanger d'Abidjan, Laurent Gbagbo.
Aversion contre Biya, amour pour Mebe Ngo'o. Un état de choses surprenant tout de même, lorsque cela vient d'un journal qui prend encre et papier pour soutenir le ministre Mebe Ngo'o, à toutes les occasions, surtout quand la presse, la vraie, étale au grand jour son immense fortune. Sans mettre des gants, ce journal traite les autres titres qui ont osé parler de l’hyper aisance matérielle et financière de son parrain de tous les noms d'oiseaux. Pis, de véritable "apprentis sorcier en mal de sensation". Tenez ! C'est le même journal qui affiche, volontiers, un amour incommensurable pour un homme qui bénéficie de décrets présidentiels depuis plus d'une vingtaine d'années, qui montre pourtant une aversion indescriptible contre Paul Biya, au point de le comparer à Laurent Gbagbo, moins de 24 heures après que la scène de son débusquage a été diffusée en mondovision.
Cela renseigne à suffire sur la conspiration, lorsqu'on sait que ce type de journaux financés par des barrons, s'arrangent à ne pas écrire une seule ligne sur leur parrain et leurs amis. Est-ce donc à dire qu'Aurore Plus sait que Biya n'est pas l'ami de son parrain, Mebe Ngo'o ? Finalement, cet autre journal qui a subi les foudres du Mindef après avoir annoncé que "Mebe Ngo'o veut renverser Biya" était-il si loin de la vérité ? Les services de renseignement vont certainement délier les fils très serrés de l'écheveau. Mais, en attendant, une seule certitude est connue. Les journaux qui dénoncent les manœuvres du Mindef subissent les affres de la furie des gros bras de l'ancien patron du cabinet civil, alors que ceux qui le soutiennent fonctionnent dans la plus grande quiétude, même s'ils peuvent taxer Paul Biya de boulanger. Nous ne sommes peut-être pas prêts de vivre une scène à la "Brutus".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire