mercredi 1 juin 2011

Côte d’Ivoire: Après avoir décrié l’IVOIRITE, Ouattara se lance dans l’ETHNICITE (1/2)

Author:infodabidjan

“C’est une faute énorme de croire que l’Europe, la France, les Etats-Unis, ces pays esclavagistes, vont aider l’Afrique. C’est impossible. Ils ne pourront jamais, jamais, au grand jamais, aider généreusement le développement de l’Afrique Noire. Jamais. Impossible. Ils ne l’ont pas fait pendant six siècles. Ils ne le feront jamais.” - Théophile Obenga


Leurs antagonismes ont coûté des vie en Côte d'Ivoire

L’histoire des grands hommes qui ont marqué leurs peuples et/ou l’humanité est decevante quant au devenir de leurs progénitures. En effet, les enfants de grands hommes comme Karl Marx, Martin Luther King, Kwamé N’kruma etc.. n’ont pas pris la relève de leurs géniteurs contrairement à ce que beaucoup auraientt souhaité.


La Côte d’Ivoire ne fait pas exception à cette règle. Ici, le Président Félix Houphouët Boigny n’a pas été plus heureux en la matière. Il est vrai que le “vieux” a pris soin à ce que cela n’arrive pas. Toutefois plusieurs jeunes gens qu’il a formé se sont reclamés d’être ses héritiers politiques. Ses “enfants”. Ce sont notament messieurs Henry Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara.

Le “vieux”, on le sait, était animé par un forme de paranoia vis à vis de ses adversaires politiques. Il a brimé presque tous. Il s’est tout de meme gardé d’utiliser l’argument tribaliste à fond. (Presque) tous les gouvernements qu’il avait formé de son vivant respectait une certain carte géopolitique. Etait-ce nécessaire? N’était-il pas mieux de fonder le développement du pays sur la compétence plutôt que sur la géopolitique? Le débat peut être mené autant que l’on le souhaite. Toujours est-il que le “vieux” montrait là son envie de réunir toutes les 61 ethnies de la Côte d’Ivoire et les emmener à travailler ensemble pour le bien du pays.

Nous autres pensons que cela pouvait se faire en dehors de la pensée unique qu’imposait le parti unique.

Quant aux “enfants” (politiquement parlant) d’Houphouët, ils nous ont produit les pires éléments de la division sociale dont le résultat final est la guerre que nous avons connu dans notre pays. Pauvre de nous. Ils se seraient réclamés de leur propres écoles que nous serions moins décus.

En effet, de Bédié à Ouattara, nous n’avons connu que la désolation, la brutalité, les brimades pour terminer avec la barbarie. Bédié nous a servit l’IVOIRITE. Tandis que Ouattara nous sert l’ETHNICITE. Tous les deux concepts sont perfides, à l’image de leurs géniteurs, et contribuent à approfondir la fracture sociale durablement.

Bédie et le concept de l’IVOIRITE

Peut-être suis-je la seule ivoirienne à n’avoir pas prêté attention à la définition de ce concept par se géniteurs. Mais il me semble toujours flou. Même Venance Konan, l’un des vértables thuriféraires du concept n’arrivait pas à l’expiquer avec aisance. Tantôt il l’assimilait à ce qui pouvait être interprêté comme une certaine “préference ivoirienne” au contour tout aussi flou. Peut-être pouvait-on en saisir le contenu à tarvers les commentaires vaseux qu’il en donnait en ces termes:

“Le Président BEDIE avait dit dans son premier discours de Chef d’Etat qu’il était intolérable que le commerce ivoirien soit entièrement aux mains des étrangers. Il nous appartient désormais, à nous ivoiriens de faire en sorte qu’il nous revienne”.

Qu’avait l’écoeurement du president Bédié à avoir avec la création d’un concept dangéreux comme l’ivoirité? Et Venance Konan l’un des théoriciens les plus en verve, pas qu’il en était le seul, de poursuivre:

” nous savons de quoi nous parlons lorsque nous disons : « Allez essayer d’ouvrir un magasin ou un maquis au Ghana ou en Mauritanie et vous verrez ! » La première recommandation que nos diplomates donnent aux Ivoiriens en voyage dans les pays voisins est de se faire petits et d’éviter d’avoir des histoires avec les nationaux. Parce qu’ils en ressortiraient perdants”.

De ce qui précède, l’on pourrait dire que pour l’essentiel, le concept d’ivoirité devait s’apparenter à un leitmotiv pour fouetter l’orgueil des ivoiriens. Si tant est que le PDCI s’appercoit après 30 années de gestion du pouvoir d’état, sans partage, que le premier président du pays lui-même issu du PDCI avait fait fausse route, pourquoi ne pas tout simplement rectifier le tir?

A vrai dire, le PDCI et ses cadres manquaient totalement d’esprit d’initiative et de programme politique. Leur stratégie de communication était également nulle.

Ainsi, face à l’adversité sur le terrain politique, ils se sont surpris entrain d’utiliser l’arme dangéreuse du tribalisme et de la xhénophobe pour donner un contenu à l’ivoirité. Ainsi ce qui jusque-là était resté flou apparaissait de plus en plus claire. Le concept d’ivoirité était créé pour stigmatiser le réfus du PDCI de voir Alassane Dramane Ouattara se présenter aux élections présidentielles en Côte d’Ivoire. Des conférences de presse ont été tenues pour dénoncer la forfaiture. Ler termes utilisés sont incendiaires et sont résumés dans les écrits suivants :

”Alassane Ouattara affirme être un ivoirien. C’est sans doute vrai….. Est-ce parce que l’un de ses parents était burkinabè, si c’est le cas, nous constatons simplement qu’il eut des liens et des sentiments très forts avec ce pays pour s’en réclamer ressortissant. Pourquoi les ivoiriens doivent-ils prendre le risque de confier leur destin à un homme dont le patriotisme n’est pas exclusivement ivoirien ?”

De fait Venance Konan, juriste de formation tout comme les autres juristes de son parti ont arrêté de réflechir correctement et de savoir raison garder. Dans ces diatribes xhénophobes ils allient l’amalgame à la mauvaise foi. Ainsi ils écrivent des contreverités sans la moindre analyse:

“Savez-vous qu’aux Etats-Unis, le simple fait de naître, même accidentellement dans un autre pays vous disqualifie automatiquement pour être Président de la République ? Quel que soit l’enracinement de votre famille dans le pays ? La raison est que les Etats-Unis ne veulent pas être dirigés par quelqu’un qui peut se réclamer d’une autre nationalité”.

Ce que ce monsieur et tous les autres “intellectuels” du PDCI d’alors oubliaient de mentionner c’est qu’aux USA, peut importe la nationalité de l’un de vos parents, dès lors que vous êtes nés et vivez sur le sol américain, vous avez le droit de vous présenter aux élections présidentielless. Le patriotisme ici n’est pas lié à la nationalité de vos parents.

Convaincus cependant qu’ils étaient dans leur droits, les responsables du PDCI, tous autant qu’ils étaient ont poussé l’ignomie à l’irréparable en s’attaquant à tout une partie de la population ivoirienne en ces termes:

“Aujourd’hui, chaque ivoirien, qu’il soit en côte d’Ivoire ou à l’étranger, est fier d’avoir son village, fût-il petit ou grand, d’y aller aussi souvent que possible, de participer à son développement. C’est l’une des caractéristiques de la Côte d’Ivoire et qui a assuré son développement par rapport aux autres pays d’Afrique. Le rêve de tout cadre ivoirien est d’avoir sa maison au village. Et l’homme politique qui n’a pas usé de ses moyens personnels ou de son influence pour développer son village ou sa région est critiquée. Quiconque veut se lancer dans la politique sans avoir une maison chez lui part avec un gros handicap”.

Ainsi pour le PDCI, un baoulé ne doit jamais se sentir chez lui à Napié car Napié n’est historiquement pas une region baoulé. De même un sénoufo ou un koyaka ne doit pas se sentir chez lui dans un village de Gagnoa qouiqu’il y est né, y a grandit et y passe toutes ses vacances.

Bonjour donc la dérive verbale et l’exclusion. Pour vouloir empêcher une seule personne de se présenter à des élections, on met tout un peuple dans l’embarras. Il va de soit que ce peuple se mette derrière l’opprimé dont le combat devient immédiatement un combat pour toute la communauté.

Cette faille a, bien entendu, été judicieusement exploitée par des brébis galeuses qui n’attendent que cela. Ainsi, au plus fort des rémous sociaux consécutives aux problèmes de terres dans plusieurs localités du pays, des hommes politiques du RDR de même que les journaux qui leurs sont proches ont choisit honteusement de jeter de l’huile sur le feu. Par rapport au conflit entre les Agnis et les les bozos à Ayamé, le quotidien pro-RDR le « Libéral » écrit dans son édition du Jeudi 3 Septembre :

« pour nombre d’observateurs avertis et des moins privilégiés des dégâts causés, le conflit qui a opposé Agnis et Bozos à Ayamé trouve sa source dans la mauvaise interprétation par les autochtones de la nouvelle loi sur l’immigration et le projet de loi portant code foncier rural. L’un et l’autre de ces textes de loi soutiennent qu’une « certaine préférence » soit accordée aux seuls nationaux tout en préconisant que les ressources des terres et des eaux sur le territoire appartiennent en premier lieu aux nationaux. Mais à bien y réfléchir on en vient à déduire que le conflit Agnis-Bozo est la résultante directe des lois stupides et impopulaires aux conséquences imprévisibles votées récemment par la majorité parlementaire PDCI ».

Ainsi un conflit aussi sérieux s’interprête en terme politique. Pour ce genre de conflit ont déjà eu lieu en Côte d’Ivoire avant que le PDCI ait fait voter ladite loi. Pour être plus malhonnête dans l’appréciation du conflit ou en rire, le confrère estime qu’: « Il apparaît que les autochtones Agni ont délibérément voulu adopter une position d’auto-défense face au monopole de fait que détenaient les pêcheurs maliens sur les activités de pêche dans la région ». Le confrère participle au pourissement du conflit.

Ce sont là certaines des velléités de division sociale qui ont participé à l’embrasement du tissu social entre les fils et les filles d’un même pays qui jadis ne s’occupaient de savoir la région d’origine de l’autre. Mais il est tout aussi vrai de savoir que le pourissement de la situation a commencé bien plus avant l’arrivé du président Bédié au pouvoir. Souvenons-nous d’une certaine charte du Nord. Ceux qui l’ont mis en page ont eux aussi contribué à catégoriser les ivoiriens et à les diviser en Nord et Sud. Le ver était donc déjà dans le fruit.

En d’autres termes, si le PDCI version Bédié a eu la maladresse d’exacerber les clivages, ce qui a abouti à la situation de guerre qui a prévalue pendant les vingt années écoulées, nulle ne peut imputer à ses responsables le phénomène de l’ethnicité installé par Alassane Ouattara avec son corrolaire d’épuration ethnique.

Prochainement nous vous proposerons notre analyse sur les pratiques subtiles et barbares de cette politique d’épuration ethnique.

Marie Laure Koutouan

Source: infodabidjan.net

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire