par La Majorité Présidentielle Gbagbo, mardi 31 mai 2011, 23:58
Il y avait grand monde hier à l’Ecole nationale de Police (ENP) à Cocody. Et le ballet pourrait se poursuivre pendant quelques jours. Il ne s’agissait pas des habituels attroupements de candidats au concours de la police. C’est dans cette école de leur formation que nos flics ont été invités à aller percevoir leurs soldes du mois de mai 2011. L’opération a commencé hier avec une catégorie de gradés. Officiellement, les nouvelles autorités du pays ont organisé cette méthode pour s’assurer que les policiers qui perçoivent leurs salaires sont ceux qui sont effectivement au travail. Peut-être, la piqûre pourrait être administrée à tous les corps habillés. Après le paiement de deux mois d’arriérés de solde à tous les fonctionnaires, le mois dernier, les autorités ont cru comprendre que de nombreux flics ont pris leurs pécules pour se fondre à nouveau dans la nature, sans véritablement rallier la nouvelle République ou sans faire allégeance.
Le constat n’est pas faux. Mais dans le fond, les nombreuses défections enregistrées jusqu’ici au sein de la police, selon des sources policières consultées hier sur place, sont dues aux traitements humiliants que les flics subissent quand ils retournent dans leurs commissariats respectifs, désormais occupés par les chefs de guerre. Dans maints commissariats, les nouveaux maîtres ont chassé les anciens occupants quand ils n’ont pas refusé de « travailler » eux. Dans maintes localités, les maisons des anciens policiers et gendarmes sont également occupées par les chefs de guerre des Frci. Pis, bon nombre de policiers et de gendarmes n’ont plus d’armes et de treillis, ces équipements ayant été pillés dans les brigades et commissariats des villes annexées par les Frci…
Depuis le changement de régime, les chefs de guerre accusent les policiers d’avoir « travaillé pour Gbagbo », en lieu et place de la République qu’ils servent. Malgré les appels des hautes autorités à la collaboration pour le retour à la sécurité, la fracture entre gendarmes, policiers des Fds et chefs de guerre a été vivement constatée dans certains commissariats. Ce qui aurait obligé bon nombre de flics et de gendarmes à « rester tranquilles » dans leurs coins pour attendre que les choses se tassent. Leur attitude en a malheureusement rajouté au doute et à la peur des nouvelles autorités pour les policiers et gendarmes qui continueraient de refuser de rallier la République. Pourvu que ce paiement main à main des salaires qui contient un petit piment d’infantilisation et de risques de braquage - les flics Fds se plaignent d’être désarmés - contribue à ramener la sérénité. Car, en vérité, un langage plus apaisant et des actes de réconciliation auraient suffi pour remettre au travail l’écrasante majorité des policiers suspectés.
César Etou
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