Godjiboué, village située à 25 Km de la nouvelle sous préfecture de Sago n’est plus qu’une ruine. Tout y a été incendié ou détruit. Dans le village, il ne reste qu’une vingtaine de vieillards retranchés à l’école primaire. A cause de leur âge très avancé, ils n’ont pu fuir comme les autres, plus valides, lorsque les hommes armés d’Alassane Ouattara ont violemment attaqué les populations autochtones Godié au début du mois de mai. Selon les témoignages, une soixantaine de personnes toutes de l’ethnie autochtone Godié, ont été massacrées. Le chef du village n’a pas été épargné.
L’autorité traditionnelle, le doyen Okou Zabi Justin a été égorgé le samedi 7 mai 2011 à l’entrée du village par les hommes d’Alassane Ouattara. Sur le site de l’ex-habitation de feu Gbiga Zéa dit Grafo. Rattrapé par les combattants du chef de l’Etat Alassane Ouattara au niveau du barrage dit « Sans manquer », alors qu’il s’en fuyait. Ligoté, le chef Okou Zabi Justin a été froidement tué en même temps que Bossé Nali Léonard et Zéa Koukougnon Félix puis enterrés dans une fosse commune. L’horreur était à son comble dans la région.
Tout à commencé le vendredi 6 mai 2011 quand, tôt le matin. Une forte colonne de combattants libériens, venus d’Abidjan en passant par Okromoudou ( Départentment de Fresco ) se heurte à l’entrée du village de Godjiboué (côté mosquée ) aux éléments armés du chef de l’Etat Ouattara qui ont érigé un barrage à l’entrée de la localité. « De loin, nous voyions les deux camps se disputer chaudement. En fait, les libériens négociaient leur passage pour aller à Bolo (unité agro-industrielle), Tabou, Grabo et peut-être gagner leur pays, le Libéria. C’est quand les dozo (chasseurs traditionnels) et des allogènes Maliens, Burkinabé, Guinéens vivant à Godjiboué, tous partisans d’Alassane Ouatara ont refusé qu’il y a eu affrontement, » expliquent plusieurs témoins approchés. Toujours selon nos interlocuteurs, les libériens ont incendié plusieurs habitations aux Dioula, partisans d’Alassane Ouattara. Avant de continuer leur progression.
Aussitôt, les hommes de Ouattara, armes aux poings, assaillent les populations Godié les accusant d’avoir contribué à l’arrivée des libériens dans la région. Mais aussi de cacher des armes en vue de venger l’ancien président Laurent Gbagbo. Face à cette situation, de nombreux autochtones Godié, ceux qui avaient les jambes agiles ont réussi à échapper à la barbarie des assaillants pour gagner la brousse ou les villages environnants, traqués qu’ils étaient par les éléments en furie des Frci (Forces républicaines de Côte d’Ivoire). Laissant derrière eux de nombreux cadavres, tombés sous les balles des hommes de Ouattara et dévorés quelques jours après par des chiens, des porcs et autres charognards. D’autres corps ont été jetés dans les puits selon nos informations.
Le lendemain , samedi 7 mai au matin, quelques jeunes gens revenus exceptionnellement dans le village pour enterrer dame Beugré Christine, atteinte mortellement par une balle perdue sont eux-aussi tués à bout portant sur le lieu de l’enterrement par les Frci appelés en renfort de Sago, Niambézaria, Moussadougou. Et qui saisissent l’occasion, avec l’appui des allogènes et allochtones Malinké vivant dans le village pour brûler toutes les maisons des autochtones Godié. « Le lundi 9 mai 2011, le mari de notre maman Lébé Frédéric, son frère Lébé Zida et 6 autres membres de la famille ont été rattrapés dans brousse avant d’être égorgés », se souviennent de jeunes qui ont fui le village. De nombreux autochtones Godié ont été livrés et exterminés dans des campements. Il s’agit de Tiégbèkro, Davidkro, Bientôtkro, Djah-kouakoukro, Bouaffokro, Diabykro, L’eau Verséekro…où ils ont été enterrés dans des charniers.
Dans le campement de Katiokro, le chef Lébé Gnahoua a été égorgé. Dans leur replis, les hommes armés pro-Ouattara ont détruit et incendié le village d’Adebèm, situé à 5 Km de Godjiboué le vendredi 6 mai 2011 vers 10 heures. Ici, les populations Godié, ont été aussi sauvagement réprimées surtout par les dozo installés depuis longtemps dans le village, appuyés par les Frci. « Ici, Pierre Daplé a été la première cible abattue par les Forces de Ouattara vers 10 heures. Ensuite, ils ont tué Gbalet Babo Daniel et Beugré Zazou Théodore qu’ils ont enterré derrière la maison de Lazare Gbale Dapleu, cadre au Ministère de la Défense. Il faut ajouter que 14 jeunes ressortissants qui ont fuit Godjiboué et se sont réfugiés chez nous à Adebèm ont été ligotés avant d’être tous abattus sous l’antenne MTN. Vers 16 heures, les frères Digbeu Gnaba Jean Baptiste et Digbeu Affi Bayard eux-aussi ont été tués sauvagement », témoignent plusieurs jeunes rescapés, la gorge nouée par l’émotion et l’angoisse. « Ils nous ont dit de rentrer dans nos maisons pour ne pas être agressés par les libériens qui arrivent. C’est quand nous sommes tous entrés qu’ils ont allumé nos maisons, » ajoutent t-ils. Avant de préciser. « Ici à Adebèm, l’on note pour le moment 30 morts et une quinzaine de disparus. » Toujours selon nos sources, 12 autochtones Godié ont été sauvagement tués à Niégrouboué situé à 9 Km d’Adebèm. Gobroko, un village voisin n’a pas été épargné.
Des témoins expliquent que comme partout dans les autres villages cités ci-dessus, de nombreux corps étaient visibles partout dans les ruelles du dernier village après le passage des éléments armés de Ouattara.
Une correspondance particulière de Dago Ozzidi
Source:Notre voie
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