vendredi 29 juillet 2011

Alassane Ouattara: en Côte d'Ivoire la loi c'est lui


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Le président du conseil constitutionnel Paul Yao N’dré a été remercié par Alassane Ouattara alors qu’il bénéficie d’un mandant de six ans à la tête de l’institution et qu’il ne peut, au regard de la constitution ivoirienne, être révoqué par lui. Son sort ressemble par ailleurs à celui de l’Assemblée nationale privée de subsides par le bon vouloir du dieu Ouattara qui met sous coupe réglée toutes les institutions de la République.
Drôle de façon de remercier les copains. Le professeur Paul Yao N’dré, brillant universitaire, risque de rester dans la mémoire des ivoiriens comme celui qui a investi deux présidents en l’espace de quatre mois et qui s’est fait virer en violation de tous les textes de la République par celui à qui il a donné l’épée qui a servi à couper sa tête. Sans le moindre remords pour tant d’agressions constantes depuis qu’il est à la tête de la Côte d’Ivoire,Alassane Ouattara ,lui,continue de déstructurer l’Etat qui n’a désormais de repères que les siens propres.

Paul Yao N’dré croyait sûrement que la constitution serait appliquée, lui qui au regard de celle-ci veille logiquement à la constitutionnalité des lois. Peine perdue. Depuis le 25 Juillet, c’est de son domicile qu’il va suivre le débat sur la folie institutionnelle qui s’est emparée du pays et encore s’il n’est pas lui aussi arrêté comme le prédisent les mêmes qui avaient vendu très tôt le scoop bon marché de son limogeage.

Avant, l’ancien président du Conseil Constitutionnel, l’Assemblée Nationale elle-même a été privée du plus petit copeck par Alassane Ouattara au mépris de tous les textes en vigueur et oubliant que le suffrage qu’il revendique est le même que celui des députés. Même les plaidoyers, à juste titre forcement prodrome des parlementaires du Rassemblement des houphouétistes pour la paix et la démocratie (RHDP) n’ont pas suffi.

Du coup, la deuxième institution de l’Etat à même de garantir un minimum de démocratie est réduite au silence et le Chef de l’Etat règne désormais sans partage. Le pays vit ainsi une période de plomb semblable aux années noires d’Houphouët ponctués de scenarii incroyables de complots et d’arrestations. Et comme sous Houphouët, personne n’est à l’abri.

L’un des présentateurs de la défunte RTI a été arrêté depuis lundi et risque, au vu des charges retenues contre lui, la prison à vie. Le tort de ce journaliste qui n’a d’ailleurs pas fini de faire ses classes est d’avoir animer les émission de talk de la dite chaîne baptisées «Raison d’Etat », défavorable à Ouattara du temps de sa lutte forcenée pour reprendre le pouvoir qui lui avait été octroyé par Youssouf Bakayoko, le président apprivoisé de la CEI,qui ne s’est d’ailleurs pas fait prier pour aller déclarer Ouattara vainqueur du scrutin dans son propre QG de campagne.

Chaque jour connaît désormais son lot de violation des droits de l’homme. Alors qu’on les voyait peu, la partie Ouattaraiste des forces républicaines de sécurité de Côte d’ivoire (FRCI) tourne à plein régime. Le chef de cabinet du Gl. Kassaraté, l’ancien commandant de la gendarmerie nommée ambassadeur par Alassane Ouattara qui espère peut-être sur le coup gagner du temps, a été arrêté hier et conduit au camp militaire de Koumassi. C’est la réponse du régime aux rumeurs de coup d’Etat qui déferlent sur Abidjan depuis quelques semaines et qui semblent corroborer toutes sortes de prophéties aussi effrayantes les unes que les autres.

Le gouvernement s’est même mis en tête d’arrêter les propagateurs de noires prophéties.
Koné Malachie qui en constitue le symbole le plus achevé serait activement recherché la police du gouvernement. Le sort qui lui est promis par celle-ci renforce d’ailleurs les craintes de la population qui se barricadent très tôt peu après dix neuf heures. L’industrie de la nuit en prend forcement pour son argent et les taximan ont rarement de client à se mettre sous la dent dans un pays qui vit régulièrement dans la psychose des attaques armées depuis 2002 et où il y a très peu de petite monnaie,très peu d’argent.

Le chef de l’Etat pour sa part, s’est envolé pour les États-Unis dans le cadre d’un séjour privé qui devrait se terminer,prédisent ses hagiographes,à la Maison blanche, au pieds de Barack Obama qui réconcilie en Côte d’ivoire tous les anti-Gbagbo. Le comité international de la Croix Rouge appelle depuis avant-hier le Secrétaire général de l’ONU à arrêter la machine de répression contre les journalistes en Côte d’ivoire au moment où une délégation du Conseil de sécurité et de paix de l’Union africaine séjourne à Abidjan pour se rendre compte des conditions de sécurité des déportés des goulags nordistes.

Les exilés ne se comptent plus et le régime promet désormais de juger tous ceux qui s’y hasarderaient. La parenthèse noire contre les liberté individuelles en Côte d’ivoire s’est enrichie d’un autre phénomène : le déguerpissement sauvage. Ses premières victimes ont hué le cortège du Chef de l’Etat en route pour les États-Unis. Leur désespoir résume l’angoisse de tous les ivoiriens qui croyaient avoir vécu le plus dur.


Joseph Titi, in le quotidien ivoirien "Aujourd'hui" du jeudi 28 juillet 2011.

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