mardi 6 septembre 2011

Réfugiés Ivoiriens à Lomé : Le Camp de AVEPEZO, symbole du Mal être Ivoirien.


Pourquoi ne prennent t’ils pas le chemin du retour vers la Côte d’Ivoire ? La réalité est telle que, après avoir été repoussé par la difficile accolade que l’on tente de faire à ce camp du désespoir, cette question qui devrait être la triste conclusion, trouve aussi une lourde place en introduction.

Il y a deux Côte d’Ivoire à Lomé : celle des Ivoiriens vivant tant bien que mal au cœur de la ville et l’autre Côte d’Ivoire des panneaux de l’UNHCR à la sortie de la ville à Trente minutes de la frontière Béninoise – la Côte d’Ivoire de nos frères qui tentent de survivredans ce camp de fortune de AVEPEZO.

La première incursion en ce lieu est une violente gifle pour l’Ivoirien. Après avoir traversé la ville de Lomé, rendez-vous avec le douloureux spectacle que même ces enfants qui vous accueillent avec un sourire aussi joyeux qu’innocent semblent ne pas ignorer : Des dizaines et des dizaines de tentes protégées par une clôture de feuilles de raphias à moins de cent mètre du bord de mer, des sacs de riz remplis de sable pour faire barrage ou ruissèlement des eaux de cette pluie qui inonde les dortoirs, des zigzags entre les cordes qui tiennent les tentes pour se frayer un chemin parmi les étables des vendeuses de vivres qui obstruent des passages déjà étroits, l’appel de ce vendeur ambulant : « Ya Pétrole !! Ya Pétrole !! » vous indique qu’hormis les lampadaires installés a quelques endroits l’électricité est un luxe au campement.

Bien heureusement, des habitations en semi-dure (bois) ont été construites pour les plus chanceux parmi les personnes âgées ou très fragiles comme les femmes enceintes et les mères vivants seul avec des enfants.

En dépit de cette situation visiblement difficile, l’eternel joie de vivre des Ivoiriens est perceptible en ce lieu qui piétine le moral déjà fragilisé par la situation désastreuse qui a été le catalyseur de ce désastre inhumain.

LA COHABITATION ENTRE LES REFUGIES IVOIRIENS ET LEURS HOTES TOGOLAIS.

A l’évidence les Togolais ont toujours partagés la même culture de l’hospitalité que leur frère de la Côte d’Ivoire. En outre, nos hôtes ont dans leurs habitudes une grande part de Côte d’Ivoire – juste pour mettre un point d’honneur sur le fait qu’il n’y a pas de problème majeur entre ces deux peuples qui se connaissent bien et qui se sont toujours côtoyer sans friction aucune.

Cependant, il serait inutile voir hypocrite de prétendre faire passer sous silence le fait que les Ivoiriens dernièrement réfugiés au Togo suite à la guerre contre la Côte d’Ivoire, n’apprécient pas particulièrement la présence du contingent Togolais au sein de l’armée Onusienne encore moins le fait que celui-ci assure l’escorte et la protection de leur bourreau Alassane Ouattara. Toutefois, cela ne s’est jamais exprimé au premier plan et n’a jamais été ouvertement l’objet de discorde.

Malencontreusement, un fait divers qui a donné suite à un quiproquo a fini par conduire à une situation regrettable au camp d’Avépézo. Une rumeur tenace qui continue de hanter tous les Ivoiriens de Lomé.
En effet la réalité a été exagérée. Après une entrevue avec des personnes proches de cette affaire, il ressort que finalement tout le monde regrette le malheureux incident.

Que s’est-il vraiment passé le 13 Aout 2011 à Avépézo ? Un jeune Etudiant Ivoirien du nom de Mackenzy prend un pot dans un bistrot non loin du camp avec des amis Ivoiriens et Togolais. Le volume du son en provenance du bistrot fini par déranger d’autres personnes qui au même moment tenaient une réunion entre habitants du quartier. Ce faisant, il fut demandé au responsable du Bistrot de réduire le volume de la musique en provenance de son commerce : refus des clients du Bistro. Et comme pour marquer clairement sa désapprobation, l’ami Togolais de l’étudiant s’introduit dans le bistro et fait exploser les décibels.

Face à cette situation, s’engagea alors une vive discussion entre l’ami Togolais de Mackenzy et le porte parole de la communauté Togolaise. Très rapidement, les deux hommes en viennent aux coups de poings. Mackenzy venu s’interposer prend un coup – il réplique.

Sous l’effet de la colère, Mackenzy devient l’adversaire du Togolais en furie qui revient avec une machette qu’il lui plante dans le crane. Les Ivoiriens présents se jettent dans la bagarre et l’un d’eux assomme l’agresseur de Mackenzy avec une pierre en pleine tête.L’homme tombe raide – évanoui.

C’est là que tous se gâte. Comme une trainée de poudre l’information voyage et se déforme : Un Ivoirien vient de tuer un Togolais devant le camp de réfugiés. La fausse information est même reprise entre le 13 et le 14 Aout par les médias locaux. Ces deux jours vont être terrible pour les Ivoiriens du camp qui vont subir des agressions de toutes sortes. C’est armé de pierres, de gourdins et de machettes que les Togolais répliquent pour se venger. Plus de dix victimes Ivoiriennes ont étés enregistrées.

Les démarches des réfugiés Ivoiriens auprès des autorités de la région du Golfe ont fini par calmer les ardeurs des Togolais en colère. Toutefois, la psychose et le désarroi règnent toujours car cette affaire en a révélés d’autre encore plus complexe.

LES ETUDIANTS D’AVEPEZO, LA FESCI ET LES UNIVERSITES DU TOGO.

« On va faire comme les Etudiants Ivoiriens », lancent un étudiant Togolais sur le campus de Lomé avant leur dernière marche du mois de Juin 2011. Cette phrase est devenue le cauchemar des 700 étudiants Ivoiriens d’Avépézo.

Ici la FESCI qui a déjà très mauvaise presse au niveau de ses revendications syndicales est aussi assimilé à une dangereuse milice en fuite. Alors les étudiants du camp ont les idées dans les limbes. Une chose est certaine - la plupart d’entre eux refusent de retourner continuer leurs études en Côte d’Ivoire. Le HCR semblait leur donner une porte de sortie en proposant de les inscrire dans les universités déjà surpeuplées de Lomé et de Kara. Mais l’affaire Mackenzy ayant réveillé le spectre d’une FESCI anarchiste et violente fait rejaillir des doutes sur cette possibilité.

Un autre frein à l’éventualité de cette proposition est que certaines filières universitaires Ivoiriennes n’existent pas au Togo. Le Président des étudiants Réfugiés du Togo expliquait par exemple que : « Au Togo il n’y a pas de faculté de Criminologie. Alors pour un étudiant en maitrise de Criminologie, on te propose soit de faire la première année de droit, soit la maitrise de droit : si je choisis d’aller en première année de droit j’aurais largement régressé. De même si je choisis d’aller en maitrise de droit je n’aurais pas les rudiments de base en plus de suivre une voie que je n’ai pas choisis à la base »

Certains n’y croient plus et commencent à chercher d’autres terres d’asiles depuis que le HCR projette de déporter les étudiants et les célibataires du camp d’Avépézo-Lomé vers la ville de KARA où le pourcentage de militaires par habitants est peut être le plus élevés au monde.

Avec le récent blocage de l’assistance du HCR dont profitait plus de 7.000 réfugiés Ivoiriens, les étudiants considèrent que toutes cette pression n’a qu’un seul but : les obliger à quitter le camp et retourner en Côte d’Ivoire pour ne pas salir l’image du pouvoir Ouattara.

HCR : L’ASSISTANCE AUX REFUGIES IVOIRIENS N’ETAIT UTILE QUE PENDANT LA PERIODE D’URGENCE. “CETTE PERIODE D’URGENCE A PRIS FIN”

« L’assistance aux réfugiés Ivoiriens n’était utile que pendant la période d’urgence. “Cette période d’urgence a pris fin” » OUI, selon le HCR de l’ONU qui est l’un des pions essentiel du malheur de ces 7.000 réfugiés Ivoiriens du Togo, « la période d’urgence a pris fin » depuis que Ouattara a été investi Président: ceci étant, les refugiés qui ne partiront pas de Avépézo seront bientôt livrés à eux même dans ce camp de la désolation. Alorspourquoi ne prennent t’ils pas le chemin du retour vers la Côte d’Ivoire ? Il suffit de discuter avec eux pour y voir clair :
la plupart d’entre eux sont encore traumatisés et n’ont eu aucun suivi psychologique,
d’autres ont vue leurs proches se faire tuer et n’ont pas encore surmonté la peur de revivre ce cauchemar pour ensuite arriver à faire leur deuil,
certains ont perdus tous leurs biens suites aux pillages des FRCI et n’envisage pas un retour vers l’inconnu au risque de continuer à souffrir dans ce camp,
encore plus attendent une sécurité acceptable en Côte d’Ivoire,
il y a aussi ceux qui craignent des représailles des rebelles encore présents.

Alors la question est de savoir pour qui travail le Haut Commissariat aux Réfugiés ? Pour la cause des réfugiés ou pour l’image de Alassane Ouattara ? Un Drame à ciel ouvert va bientôt se jouer dans ce camp de Réfugiés si rien n’est fait pour mettre l’ONU et le HCR au devant de leurs Irresponsabilités. Des vieillards, des femmes et leurs enfants en bas âges vont aussi subir l’inaction du HCR qui a visiblement choisi de faire ouvertement de la politique au mépris de la vie de milliers de personnes dans le besoin.Indignez-vous !!!

En ce moment même ils sont nombreux ces Ivoiriens qui quittant la terre de leur ancêtres, n’ont eu que la seule possibilité de n’emporter que les vêtements qu’ils avaient sur leur peau séché par la peur, le stress et la faim en cette douloureuse période de guerre en Côte d’Ivoire.

Prenant la route de la fuite avec pour seul objectif de sauveur leurs vies et celles de leurs proches, ils sont allés loin de chez eux. Très loin sur des terres inconnues : Liberia, Ghana, Togo, Benin. Le traumatisme en encore frais et vivant dans leur quotidien. Alors revenir dans cette Cote d’Ivoire qui tente difficilement de se remettre en route est un objectif visiblement secondaire pour ces nombreux Ivoiriens toujours habités par la peur et des appréhensions légitimes. En dépit de cette situation préoccupante, le HCR est volontairement en train de les laisser tomber.

Les problèmes sur le terrain sont de l’ordre infrastructurel, alimentaire et sanitaire. Certaines priorités telles que l’éducation des enfants est une quête utopique. Pour l’instant, face aux cris du cœur de ces mères, ces enfants et ces hommes perdus, il faut parer au plus urgent. Il faut agir et vite.

Claudus Kouadio - Bloggeur - Président des facebookers pour Gbagbo – Responsable du CRI-Panafricain à Lomé


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