mardi 11 octobre 2011

Côte d’Ivoire: pour la paix, la Vérité ou le sacrifice de l’Oubli!


Image Infodabidjan
C’est peut-être ce que certains observateurs internes et externes de la Côte d’Ivoire n’ont pas encore compris. Chacun a sa vérité en Côte d’Ivoire. Je dirai que chaque acteur a sa vérité sur ce qui divise les Ivoiriens depuis plus de 20 ans. Vérité fabriquée par la presse affidée, vérité de propagande, d’instrumentalisation ou tout simplement authentique et non falsifiée, chacun a sa vérité et il y reste accroché.

Mais de mon expérience de combattant, j’ai compris une chose fondamentale : seule la Vérité, qui ne souffre de l’ombre d’aucun doute, apporte la paix dans une cité.

Cela dit, quels que soient la race, le peuple ou le continent, lorsque vous constatez qu’une division profonde née entre les fils d’une même cité perdure, c’est que les chefs, les aînés, les représentants du peuple ou les conciliateurs extérieurs, privilégient la compromission au lieu de rechercher la Vérité qui désarme.

Or depuis plus d’une décennie, le peuple ivoirien est passé d’une compromission à une autre, faisant de la Vérité, un sujet tabou.

Compromission après le coup d’Etat de1999. L’auteur, le parrain, tout le monde le connaît. Mais on a tous préféré s’en tenir à une affaire de “Jeunes gens”, qui a donné naissance à une autre compromission, celle d’accepter que feu le général Gué Robert soit arbitre et candidat à l’élection présidentielle de 2000.

Dans cette même dynamique, une autre compromission a été soutenue. Celle d’accepter que tous les candidats du PDCI et celui controversé du RDR soient déclarés inéligibles et d’aller aux élections sans avoir pris la peine de rechercher la vérité sur cette situation qui ne pouvait laisser que des traces profondes de frustration.

Mais au-dessus de toutes ces compromissions, il y a la question de la nationalité douteuse de Dramane Ouattara. L’acceptation même de la notion de “nationalité douteuse”, est en elle-même une compromission. Car cela ne fait aucun doute que Monsieur Dramane Ouattara était et est resté Voltaïque, jusqu’à ce qu’il soit tenté par l’aventure ivoirienne.

En 2002, une rébellion vient endeuiller les Ivoiriens et consacrer la partition puis le pillage du pays. Koné Zakaria, un des chefs rebelles très lié à Ouattara par ses origines, a annoncé publiquement que Ouattara était le financier et le parrain de la rébellion avec comme personne de main, feu Ibrahim Coulibaly alias IB. Ce dernier lui-même, de son vivant, ne manquera pas de signaler que Ouattra n’était pas seul. Mais que celui qui assurait la gestion opérationnelle, la formation et la dotation en moyens logistiques et militaires de la rébellion, c’est Monsieur Blaise Compaoré du Burkina Faso supervisé par la représentation diplomatique de la France au Burkina Faso.

Mais compromission des plus incompréhensibles, c’est Blaise Compaoré qui va recevoir une grosse dotation financière pour êtrecon vaincu d’être le facilitateur de la Crise Ivoirienne. Au final, nous constatons que l’homme aura vraiment facilité les choses à la France et à Ouattara.

La plus étrange et la plus dérangeante des compromissions, c’est que la question de la nationalité ivoirienne douteuse de Ouattara reste pendante.

Malgré cela, sans prendre le soin de demander la création d’une Commission d’enquête conduite par des hommes religieux ou des personnalités africaines réellement neutres pour faire éclater la vérité sur cette affaire, la Côte d’Ivoire s’est contentée d’entériner une ultime compromission imposée par la France : celle de décréter Ouattara candidat exceptionnel et de ne point prêter attention ni à son état de santé qui le disqualifie de la course à la magistrature suprême ni à sa nationalité ivoirienne jamais acquise. Résultat : le pays est à feu et à sang et des épisodes plus compliqués restent à venir.

Oui, des épisodes des plus compliqués restent à venir car le “candidat exceptionnel” proclamé président en dehors de tout cadre légal et de toute vérité des urnes tels que régis par la Constitution ivoirienne, par la France et ses alliés africains, reste plus que controversé dans un rôle d’exterminateur des pro-GBAGBO, à lui confiée par ceux qui ont fait de lui, ce qu’il est devenu en Côte d’Ivoire.

Au lieu de rechercher la vérité qui décrisperait la situation de tension et qui rétablirait la confiance entre les Ivoiriens eux-mêmes et, entre les Ivoiriens et ceux qui vivent avec eux, c’est plusieurs autres compromissions qui leur sont proposées et/ou imposées:

- compromission d’aller à une réconciliation qui exclut tous les militants et sympathisants de La Majorité Présidentielle ;

- compromission visant à imposer une Justice des “vainqueurs” ;

- compromission visant à passer sous silence la question pendante de la vérité des urnes de2010 par un recomptage symbolique des voix ;

- compromission visant à obliger les partisans du Président GBAGBO à accepter Ouattara comme Chef de l’Etat légitime ;

- compromission visant à rendre taboue, la question de la nationalité ivoirienne attribuée de fait à Monsieur Dramane Ouattara par la France et ses alliés africains ;


- compromission visant à légitimer les massacres ethniques commis par la rébellion de Ouattara depuis 2002 jusqu’à ce jour ;

- compromission visant à minimiser et à obliger les populations victimes à accepter les massacres de Duékoué ayant fait plus de 2000 civils tués par les hommes de Ouattara, comme le prix à payer pour leur soutien à Laurent GBAGBO qui aurait refusé de reconnaître la vraie fausse victoire de Dramane Ouattara aux élections de 2010;

- etc. etc.

Mais cette façon de faire ne ramènera jamais la paix en Côte d’Ivoire! Vous pouvez parier tout ce que vous voulez.

Parce que quiconque se sentant obligé d’accepter qu’on lui donne tort alors qu’il sait objectivement qu’il a raison, reste à jamais frustré.

Et quand sur une population de 20 millions d’habitants, vous comptez 10 millions au moins de frustrés, attendez-vous à une explosion qu’aucune armée au monde ne peut arrêter.

Alors, ni l’armée d’occupation des Nations Unies qui a fini par se substituer à l’Armée ivoirienne d’avant le 11 avril2011 pour garder le Palais Présidentiel d’Abidjan et protéger Dramane Ouattara dans son projet de génocide contre les pro-GBAGBO, ni les légionnaires français contractuels de la criminalité d’occupation française, ne pourront empêcher ou arrêter cette explosion.

C’est pourquoi j’en appelle au courage historique des leaders religieux comme Messieurs Desmond Mpilo Tutu et le Nonce Apostolique représentant la Sainte papotée en Côte d’Ivoire.

Tant qu’il n’y aura pas une vérité scientifique et historique sur les grandes questions qui divisent le peuple ivoirien, la paix précaire imposée par la France et ses alliés africains préparera en Côte d’Ivoire, la plus grande explosion sociale, politique et armée jamais vécue de mémoire d’homme en Afrique!

Car vous le savez mieux que moi-même, on ne réconcilie jamais avec la langue de bois, les tabous, les compromissions et la peur de faire éclater la vérité.

Seule la vérité qui désarme les cœurs, les mains et les esprits pour faire germer un sentiment de Justice, peut ramener la paix dans une cité.

Toute justice des vainqueurs dont l’ambition est de venger le camp dit des vainqueurs en faisant des victimes innocentes, ne fait que cristalliser les anciennes rancœurs et créer le nid d’un nouveau devoir de riposte au nom du droit à la légitime défense.

Alors il faut oser faire éclater la Vérité sur toutes les grandes questions qui ont divisé les Ivoiriens depuis plus de 2décennies. C’est le seul gage de la paix en Côte d’Ivoire !

Dans le cas contraire, il faut que toutes les parties acceptent de passer un trait sur tout ce qui s’est passé depuis plus de 20 ans et décident de repartir à zéro. C’est le compromis pour un nouveau départ. Celui-ci peut effacer toute prétention d’avoir gagné ou tout sentiment de frustration né de l’idée d’avoir injustement perdu ; et alors ouvrir la voie à une paix des braves.

Toute autre parade ne fera que retarder l’explosion mais ne pourra jamais l’arrêter.

A très bientôt.

Hassane Magued

La Révolution Permanente N°00110/10/11/Infodabidjan

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