vendredi 21 octobre 2011

Hommage à un résistant/ Professeur Séry Bailly: «Pourquoi nous célébrons Zokou Gbély aujourd’hui»

«Les héros sont comme un patrimoine. Les sociétés dominantes ont réussi à imposer leurs héros à l’ensemble de la planète. Chaque pays doit pouvoir célébrer ses héros. Il y a Amagoua à Bonoua, Samory en Guinée. Nous avons fait un séminaire sur Gon Coulibaly.» C’est la raison qui conduit le professeur Sery bailly à organiser ce samedi à la bibliothèque nationale, le centenaire de la mort du résistant Zokou Gbély, le héro méconnu. Alors que ce grand résistant originaire de la région de Daloa a su s’opposer à la pénétration coloniale en Côte d’Ivoire. Plus précisément dans sa région natale. Arrêté le 14 octobre 1911 par l’armée coloniale, il a été déporté à Zuénoula ou il meurt le 15 avril 1912. Soit un an plus tard.

«Il est important qu’on fasse quelque chose pour les générations futures. Il faut que ce soit fait dans un esprit unitaire.» Confie le professeur qui dirige de ce fait, le comité scientifique de cette rencontre placée sous la présidence de bandama Maurice, ministre de la Culture et de la Francophonie.

«Zokou Gbély a posé une action historique dans la région de Daloa. C’est lui qui a installé les premiers Dioula à Daloa. On pense également à Lancina Diabi. Nous pensons qu’il faut le faire pour les valeurs qu’il a incarnées. Sa devise a été : «Je vise toujours haut» C’est une manière de construire une ambition nationale.» Se félicite alors Séry bailly. Car Zokou Gbély, d’abord grand chef bété a été un grand guerrier dont les actions sont bien connues dans la région de Daloa où il constitue un véritable patrimoine. Au point d’être célébré par tous les artistes de la région bété. Son nom est quasiment cité dans toutes les chansons populaires. Ce samedi, il y aura certes des conférences à la bibliothèque nationale, mais il est prévu de la musique tohourou; rythme traditionnel qui traverse les temps et les générations dans le grand ouest. Il y aura d’abord l’intervention de Gozé Kalai Omer, l’un des descendants de Zokou Gbély, en même temps président du comité d’organisation. Il est prévu l’intervention du ministre bandama Maurice. Son discours fera suite à une prestation artistique.

A savoir un spectacle de tohourou. C’est après qu’il y aura les deux conférences. La première sera dite par le professeur Bahi Gouro vénance, Directeur des archives nationales. Sa communication va porter sur le thème : «Zokou Gbély dans son contexte historique» Il fera place à Sery bailly qui pour sa part, évoquera la question : «Zokou Gbély aujourd’hui» Une rencontre bien à propos. Car il s’agit de célébrer un héros national, même si la France qui fait une main mise sur la Côte d’Ivoire, se débat pour effacer les pages sombres de son histoire. En 1902, il a reçu à Daloa en ce moment une simple bourgade, le français Georges Thomas qui y est arrivé au nom de l’Empire.


Cette célébration va donc expliquer en quoi Zokou Gbély a été un grand chef. Et pourquoi il a quitté Lobia, village natale pour s’installer à Daloa. «Tous les peuples ont résisté. C’est la même opinion qu’ils avaient des Bétés. Tous ceux qui refusaient la soumission étaient étiquetés comme des querelleurs, des paresseux». Après la bibliothèque nationale, le centenaire de Zokou Gbély va se poursuivre en 2012. Il est prévu à ce niveau, une pièce de théâtre sur la vie de ce grand guerrier. Ce spectacle est d’ailleurs en création. Il y aura aussi à ce programme, une exposition d’objets anciens. Sans oublier le concours de Tohourou dont le thème portera sur la vie de Zokou Gbély. C’est une sorte de festival qui veut se donner les moyens de perpétuer l’oeuvre de ce grand homme. «Nous allons négocier avec les autorités qui seront là, pour voir quel lieu de Daloa on pourrait baptiser Zokou Gbély. On veut s’inspirer de l’exemple de Bonoua» Fait remarquer le professeur Sery Bailly qui ne manque d’ailleurs pas d’interpeler.

«Zokou Gbély est la figure qu’on évoque quand on pense à Daloa. De lui, on n’a retenu que le guerrier, alors qu’il a été surtout un chef éclairé, hospitalier, épris de justice et de liberté. (…) Chaque société a besoin de références pour l’orienter et mobiliser ses populations et ses ressources. Ces héros sont dans toutes nos régions. Célébrons-les.» En tout cas, bien dit Mrs le professeur.

Guehi Brence

Source: Le Temps/Infodabidjan

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