Alassane Ouattara lors d'un voyage à l'étranger.
Publié le vendredi 2 décembre 2011 | Le Nouveau Réveil - Alassane Ouattara a rencontré hier après-midi à la Côte belle vue de Conakry les Ivoiriens de la Guinée. Ci-dessous, son adresse à ses compatriotes venus nombreux l’écouter.
Bien entendu, vous pouvez lire sur mon visage, la joie qui est la mienne. Je suis particulièrement heureux. La Guinée a toujours démontré son attachement à notre pays, et vice-versa. De nombreux Guinéens vivent actuellement en Côte d’Ivoire et au plus fort de la crise, près de 6 000 Ivoiriens vivaient en Guinée. Ils ont été bien accueillis dans les familles, en frères, comme s’ils étaient chez eux. Je voudrais encore remercier le président, mon ami le Pr. Alpha Condé pour la générosité du peuple guinéen, et lui dire aussi que nous ne sommes pas surpris car tout guinéen est chez lui en Côte d’Ivoire et tout ivoirien est chez lui en Guinée. Je voudrais dire à quel point je suis heureux d’être ici parce qu’avec la Guinée, nous avons une frontière commune, des ressources communes, que ce soit pour les minerais, que ce soit pour les fleuves, de nombreux domaines où nous devons coopérer.
Et nous avons un destin commun, nous avons le Pr. Condé et moi, la volonté de renforcer les liens, économiques, politiques, entre la Guinée et la Côte d’Ivoire. Je suis heureux de vous dire que ce soit dans le domaine routier, ferroviaire, minier, électrique, nous avons pris de grandes décisions qui, dans les deux années à venir, deviendront des réalités. Vous savez, notre région ouest africaine est une grande région de l’Afrique. Et je le disais à mon arrivée, la Guinée et le Ghana nous ont ouvert la voie de l’indépendance. Et c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai tenu à visiter ces deux grandes capitales, Accra et Conakry, pour leur dire que nous sommes reconnaissants pour le courage qu’ils ont eu en son temps de dire à tous les Africains que nous pouvons être indépendants. Et grâce à cette voie, nous avons eu l’indépendance politique. Maintenant, nous devons travailler pour mériter cette indépendance et montrer également que le développement est possible. Et qu’il est important d’enrayer la pauvreté dans notre région. Les dirigeants que nous sommes avons un devoir de sortir le peuple de la pauvreté. Je viens vous dire les grands projets sur lesquels nous sommes d’accord, les grandes orientations que nous avons données à nos gouvernants vont dans le sens de réduire, sinon d’éradiquer totalement, la pauvreté en Guinée et en Côte d’Ivoire dans les années à venir. Je tenais à rencontrer nos compatriotes pour leur dire que selon le représentant de l’ambassade, il y a encore 3 000 Ivoiriens en Guinée. Donc la moitié de ceux qui étaient là au plus fort de la crise. C’est véritablement le signal, sinon la preuve, que les choses vont mieux au pays. Je suis heureux de vous dire que la Côte d’Ivoire est en paix, que la sécurité se renforce, que la cohésion se renforce et que très bientôt, le 11 décembre, nous tiendrons les élections législatives pour que le parlement soit en place dans notre pays. Je le disais tout à l’heure au président guinéen, que lui et moi avons été élus démocratiquement mais que dans toute conception démocratique, il faut un parlement pour que la démocratie soit complète. C’est pour cela que nous avons œuvré à faire en sorte que un an après, (c’est un peu tard, mais nous allons montrer notre volonté qu’avant la fin de l’année 2011) nous devons avoir un parlement, reflétant tous les Ivoiriens élus de quelque région qu’il soit. Je suis heureux de vous dire, que sur les 255 postes de députés, nous avons enregistré 1182 candidatures, soit 5 candidats par poste de député. C’est vous dire à quel point la compétition sera forte parce que ce n’est pas un simple combat, c’est un combat politique. C’est dire à quel point nos compatriotes sont intéressés par cette compétition. Ce sont 30 partis politiques ou groupements politiques qui vont y participer. Le tiers des candidats sont désignés comme indépendants. Mais en réalité, ils sont de tous les partis politiques. Que ce soit du Pdci, du Fpi, du Rdr et d’autres partis. C’est vous dire que la démocratie est véritablement en Côte d’Ivoire et que ces élections auront lieu et je peux vous assurer qu’elles se dérouleront dans la paix puisque nous avons décidé de déployer 25 000 agents, policiers et gendarmes, pour la sécurisation des urnes et des lieux de vote pour que les violences constatées à l’occasion de certaines élections ne se répètent plus. Pour dire à quel point nous tenons à avoir des élections démocratiques et transparentes. Je voudrais que vous sachiez que la Côte d’Ivoire est au travail. Que tous les fils et toutes les filles de Côte d’Ivoire viennent apporter leur contribution. Nous avons limité les effets de la crise. Vous savez qu’au premier trimestre de cette année, le pays était sous embargo. Cela veut dire que nous devrions avoir une diminution de notre production nationale pratiquement d’un quart . Mais grâce aux efforts qui ont été faits, la chute de la production sera limitée à 5%. Mais la bonne nouvelle c’est que dès l’année prochaine, nous aurons un chiffre de croissance, d’augmentation de la production nationale de 9% selon le Fmi. J’ai dit au ministre Diby que 9% ne nous suffisent pas. Et que nous devons aller à un taux de croissance de 10, 11%. Et vous voyez cette grande délégation qui m’accompagne, le ministre Duncan, le ministre de l’Intérieur, mais également le ministre de l’Intégration, celui des Infrastructures, des transports et des Mines, du pétrole, tout cela, c’est venir travailler de manière concrète sur des projets. Car je ne veux pas qu’on dise le président se balade pour aller bavarder. Que tout le monde sache que quand je bouge, c’est pour ramener des choses concrètes aux Ivoiriens. Pour les projets de construction de route pour lesquels nous avons déjà trouvé le financement, et le projet de financement du chemin de fer, les projets de connexion électrique, sur lesquels nous nous sommes mis d’accord et pour lesquels des financements ont été également obtenus, ils seront annoncés dans le communiqué de presse. C’est donc, je me répète pour dire que la Côte d’Ivoire est au travail. Et nous voulons la contribution de chaque enfant de Côte d’Ivoire à cette évolution heureuse du pays. Bien entendu, vous seriez surpris si je vous rencontrais et que je ne vous parlais pas de l’actualité selon la presse internationale qui est le départ de l’ancien président Laurent Gbagbo pour La Haye. Effectivement, il a été transféré à La Haye le mardi. Et le mandat d’arrêt que nous avons reçu de la Cour pénale internationale a été exécuté en respectant rigoureusement toutes les procédures et toutes les règles et tous les détails des règlements internationaux. Nous voulons un Etat de droit, donc nous nous sommes soumis à toutes les précisions du Conseil de sécurité et de la cour pénale internationale ainsi que les juridictions internes. Je veux également que vous sachiez, et vous l’avez noté, sur aucune télévision, vous n’avez vu le mardi soir, Laurent Gbagbo menotté, trimbalé dans un fourgon, embarqué dans un avion et débarqué à La Haye avec des menottes. Car nous voulons respecter la dignité des Ivoiriens. Nous avons fait tout cela par considération pour la dignité d’un de nos frères, mais également pour la considération qui lui est due en tant qu’ancien Chef d’Etat de la république de Côte d’Ivoire. Cela étant dit, aucun d’entre nous n’est au-dessus de la loi. Ce processus électoral a été pénible, avec les milliers de morts, des destructions de biens et de nombreuses victimes continuent de m’écrire pour me réclamer que justice soit rendue. Si nous avions les moyens, (ce qui n’est pas le cas, pour juger les cas les plus graves), si nous l’avions fait en Côte d’Ivoire on aurait dit : c’est la justice des vainqueurs. Je veux être transparent dans tout ce que je fais. J’ai annoncé depuis le début que la Côte d’Ivoire n’avait pas les moyens de juger les crimes graves : les crimes de sang, les crimes contre l’humanité. Et que ce chapitre bien entendu est laissé à la Cpi. Donc, c’est l’exécution de ce mandat d’arrêt qui a été fait et Laurent Gbagbo a voyagé dans l’avion présidentiel, dans les conditions dues à son rang pour l’amener à La Haye. Je veux clore ce chapitre pour dire que la justice internationale fera son travail et qu’en Côte d’Ivoire, le gouvernement continuera de faire son travail. Je ne souhaite pas rentrer dans aucune polémique. Mais j’ai entendu dire par certains qu’ils suspendaient leur participation à la réconciliation. Je pense que c’est un faux débat, nous sommes condamnés à vivre ensemble en Côte d’Ivoire. Tôt ou tard, nous devrons nous réconcilier et le plus tôt, nous le ferons, le mieux ce sera pour nous-mêmes et pour tous les Ivoiriens. Le travail continue, la réconciliation continue. La Côte d’Ivoire fera ce qu’elle doit faire, l’Etat de Côte d’Ivoire fera ce qu’il doit faire parce que nous voulons nous redonner la fierté qui était la nôtre il y a vingt ans quand nous étions fiers de montrer notre passeport ivoirien en traversant la sous-région et le monde. Cela nous a manqué pendant dix ans. Maintenant, vous serez fiers à nouveau de montrer votre passeport ivoirien car la Côte d’Ivoire sera à nouveau respectée. Chacun de vous à sa contribution à apporter. Soyez rassemblés, ne vous comportez pas en sectaires. Alassane Ouattara est le président de tous les Ivoiriens, sans distinction.
Benoit HILI
Envoyé spécial à Conakry
Source : Ivoirebusiness
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