dimanche 4 décembre 2011

Transfèrement de Gbagbo à la Cpi: Les aveux de taille de Guillaume Soro


Le Premier ministre d’Alassane Dramane Ouattara, Guillaume Kigbafori Soro, a fait une sortie aussi fracassante que déshonorante au sujet de l’enlèvement suivi de la déportatià la Cpi du président Laurent Gbagbo. Le porte-flambeau de la rébellion armée ivoirienne brandit Gbagbo comme un trophée de guerre et explique sans la moindre gêne que si Gbagbo a été déporté à la Cpi, c’est d’abord parce que son parti, le Fpi, a refusé d’entrer au gouvernement Ouattara et d’aller aux législatives malgré, selon lui, la main que Ouattara aurait tendue au parti de Laurent Gbagbo. Guillaume Soro soutient que si Gbagbo est envoyé à la Cpi, c’est parce qu’à l’en croire, il ne s’est jamais repenti et n’a jamais songé à renouer un dialogue avec Ouattara afin de faciliter la réconciliation.


Selon Soro, Gbagbo a toujours donné des mots d’ordre extrémistes à travers ses avocats. Il explique que si le Fpi n’avait pas eu cette attitude qu’il décrit, Gbagbo n’aurait pas été déporté à la Cpi.


Ainsi donc, si on comprend bien Soro, Gbagbo ne serait pas aujourd’hui à la Cpi si et seulement si le Fpi entrait dans le gouvernement Ouattara et prenait part aux législatives et aussi si Gbagbo s’était repenti. Ne l’ayant pas fait, estime Soro, le pouvoir Ouattara a choisi de l’envoyer à la Cpi. Il va plus loin en menaçant clairement que ceux qui se comporteront de la sorte au Fpi subiront le même traitement.

A travers cette sortie où l’excès le dispute à la provocation, Guillaume Soro montre bien que les faits de crimes pour lesquels Gbagbo est poursuivi ne sont qu’un simple habillage d’une décision politique visant à punir Gbagbo et ses partisans de leur témérité. Sinon si l’entrée du Fpi au gouvernement, si sa participation aux législatives et si la repentance de Gbagbo peuvent suffire pour ne pas le transférer à la Cpi, alors on peut aisément comprendre que l’ancien président de la République n’a rien commis de si grave. S’il est à la Cpi, c’est simplement parce que son parti et lui n’ont pas cédé au chantage des hommes forts d’Abidjan installés par les forces françaises et onusiennes. Soro fait ainsi un aveu de taille qui éclabousse le pouvoir Ouattara. Il donne la preuve que ce que Gbagbo subit n’a rien à voir avec le droit. Mais son péché est d’avoir gardé la conviction qu’il est le vrai gagnant de la présidentielle du 28 novembre 2010 et son crime est de toujours garder la tête haute, de rester digne sans se plier en deux devant qui que ce soit. Ouattara en veut à Gbagbo parce qu’il n’est pas du tout prêt à se couvrir de déshonneur devant ceux qui l’ont chassé du pouvoir.

Soro aussi exige repentance aux autres

Où sommes-nous ? Guillaume Soro peut-il dire qui a revendiqué la rébellion armée qui a fait des milliers de morts depuis septembre 2002? La rébellion dont Soro réclame la paternité a commis un vrai génocide à l’ouest où d’innocentes personnes à Bangolo, Duékoué, Guitrozon, Bloléquin, Facobly, Toulépleu, Guiglo, Monoko-Zohi, Issia, Vavoua, Siégouékou, Broudoumé, Yopohué, Tabou ont été les cibles de ses combattants. Aujourd’hui, des villages sont rayés de la carte du pays et les réfugiés internes continuent de camper sur des sites provisoires où ils son livrés à la maladie et à la mort.

Si Guillaume Soro est devenu Premier ministre, il le doit à Gbagbo qui avait fait de la réconciliation nationale un axe majeur de sa politique. Mais, en retour, Guillaume Soro n’a jamais eu de la compassion et ne s’est jamais repenti pour les nombreux crimes commis par ses soldats.

Soro a été reçu chez la mère de Gbagbo à Gnaliépa et Wattao chez Blé Goudé à Kpôgrobouo (Guibéroua) sans qu’ils n’aient eu de remords.


Récemment, à une cérémonie à Abobo, le maire de cette commune, ministre des Mines, Adama Toungara, a publiquement déclaré que le « commando invisible » qui a mené les premières attaques armées à partir d’Abobo a été conçu par Guillaume Soro. Ce commando invisible a commis un vrai massacre à caractère génocidaire à Abobo et plus particulièrement à Anokoua-Kouté sans que le concepteur Soro n’ait exprimé ni regret ni compassion.

Les Ivoiriens qui n’ont pas fini de vivre le drame causé par les Forces nouvelles attendent toujours la repentance de Soro qui n’a même pas conscience que lui aussi sera amené un jour ou l’autre à rendre compte des actes de la rébellion. Ce n’est qu’une question de temps. Et ce jour-là, Guillaume Soro se souviendra qu’il avait eu tort de clouer Gbagbo au pilori.


Benjamin Koré

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