mardi 17 janvier 2012

Affaire “Détention du journaliste français Jean-Paul Ney à Abidjan”: Révélations sur le complot IB

Getty Images

La police ivoirienne dispose de preuves accablantes contre le journaliste-photographe français arrêté et détenu depuis fin décembre à Abidjan.
C’est le 10 décembre dernier, que Jean-Paul Ney, journaliste-photographe français foule le sol ivoirien. Officiellement pour un reportage sur le processus de désarmement des ex-combattants qui devait être lancé le 22 décembre. En réalité, “pour des repérages dans la perspective d’un coup d’Etat qui devrait se tenir avant le 31 décembre et dont évidemment il devrait fixer en exclusivité les images”, aurait confié Jean-Paul Ney aux services du contre-espionnage ivoiriens lors de son interrogatoire après son arrestation le jeudi 27 décembre 2007 par la gendarmerie nationale aux abords des locaux de la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI) à Abidjan-Cocody.

Jean-Paul Ney a été arrêté alors que, muni d’appareils photos sophistiqués, il prenait des images du siège de la télévision nationale à une heure très avancée de la nuit. Il était accompagné d’un inconnu qu’il a présenté aux gendarmes puis à la DST comme un spécialiste en armement. Jean-Paul Ney avait en sa possession des éléments compromettants qui attestaient qu’il n’était pas en Côte d’Ivoire dans le cadre d’un reportage ordinaire de journaliste-photographe. Il s’agit, entre autres, des films de la résidence du Président de la République, Laurent Gbagbo, des croquis commentés des différents itinéraires du cortège du Chef de l’Etat ivoirien lorsqu’il quitte son domicile pour le palais présidentiel au Plateau et d’une copie d’un discours écrit du Sergent-chef putschiste Ibrahim Coulibaly dit IB annonçant “un ordre nouveau en Côte d’Ivoire”. Ce discours était destiné à être prononcé par IB sur les antennes de la télévision nationale pour formaliser le coup d’Etat. Transféré à la direction de la surveillance du territoire (DST) par la gendarmerie, le journaliste-photographe français se serait mis à table au cours de son interrogatoire. Au regard des éléments saisis et des déclarations de Jean-Paul Ney, la DST a conclu à “une atteinte à la sûreté de l’Etat ivoirien”. Contrairement aux informations fournies par RSF, Jean-Paul Ney n’est pas actuellement détenu au siège de la police criminelle.

Selon une source proche du dossier, les informations recueillies sur ce journaliste-photographe permettent d’affirmer sans hésiter “qu’il est un agent des services secrets français, très proche de la DST française”. Aussi, depuis le 28 décembre 2007, les autorités françaises négocient sa libération, sans tambours ni trompettes. Parallèlement, les services secrets français suscitent une campagne de presse visant à présenter Jean-Paul Ney comme une victime d’un régime anti-démocratique hostile à la liberté de presse. Reporters Sans frontières (RSF) et toutes les organisations mondiales de défense des journalistes ruent déjà dans les brancards. Tous exigent des explications aux autorités ivoiriennes. Et quand ils auront les explications, ils les disqualifieront immédiatement et exerceront toutes sortes de pressions sur le gouvernement ivoirien pour obtenir la libération de Jean-Paul Ney. Les autorités françaises savent pourtant que la police ivoirienne détient des preuves accablantes contre le journaliste-photographe. Et c’est certainement la raison pour laquelle elles adoptent, depuis le début de cette affaire un profil bas. Préférant des négociations de coulisses à déclarations qui n’arrangeront pas forcément leur compatriote.
Né le 4 mai 1976 à Prades, dans les Pyrénées orientales (France), Jean-Paul Ney est un personnage controversé, bien connu en France par les services de police. Reporter-photographe free-lance, il entretient des relations que l’on dit profondes et obscures avec le monde du contre-espionnage français. Auteur de plusieurs ouvrages sur les “grandes oreilles” de son pays et la lutte contre le terrorisme, ce journaliste-photographe a fondé avec un ancien directeur de la DST française, Yves Bonnet, le centre international de recherche et d’études sur le terrorisme et l’aide aux victimes du terrorisme (CIRET-AVT).

Didier Depry et Faustin Yao.K

Source: Notre voie/Infodabidjan

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