mardi 10 mai 2011

L’UE et les USA puisent sans vergogne dans les caisses de Kadhafi

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L’UE et les USA puisent sans vergogne dans les caisses de Kadhafi© AFP/ Patrick Baz
12:47 10/05/2011
Par Dmitri Babitch, RIA Novosti

La décision du groupe de contact pour la Libye d'utiliser une partie des fonds gelés à l’étranger de Mouammar Kadhafi pour aider les rebelles libyens a provoqué de nombreuses réactions négatives dans le monde entier. La Russie, la Chine et plusieurs autres pays membres de l’ONU ont exprimé leur désaccord. Par ailleurs, les objections des peuples occidentaux sont de plus en plus nombreuses. Car on leur a inculqué que la pratique consistant à voler le butin de guerre est pernicieux et appartient au passé.

Bien sûr, les méthodes de gouvernance de Kadhafi, y compris l’accumulation et la répartition des pétrodollars sont loin d’être démocratiques. Probablement les lois élémentaires ont été également enfreintes pendant cette accumulation. En ce cas, l’appartenance des pétrodollars à Kadhafi et à sa famille pourrait être contestée. Mais par voie de justice, en respectant les procédures en vigueur et en transférant l’argent au gouvernement légitime et élu de la Libye.

Cependant, lors de la réunion à Rome, le groupe de contact a désigné le Conseil national de transition (CNT), principale organisation rebelle, comme le bénéficiaire éventuel des fonds confisqués. Or le CNT n’a pas été élu, une partie de ses membres préfère rester incognito, et il n’est reconnu que par l’Italie, le Qatar et la France. Les membres aussi importants du groupe de contact tels que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ne s’empressent pas de reconnaître le CNT en tant que représentant légitime du peuple libyen. De toute évidence, en raison de la couleur politique floue des membres du CNT. On sait que le président français Nicolas Sarkozy a été incité à reconnaître le CNT par le "philosophe" français Bernard-Henri Lévy: cette même personne qui préconisait la reconnaissance d’Aslan Maskhadov en tant que président tchétchène vivant dans la clandestinité.

Cela n’est pas très logique: les Américains n’ont pas reconnu l’opposition libyenne mais ils leur donnent déjà de l’argent. Et pas seulement leur argent, mais également l’argent du gouvernement libyen, dont les avoirs sont estimés par The New York Times à 33 milliards de dollars rien qu’aux Etats-Unis. La déclaration de la Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton lors de la réunion du groupe de contact à Rome que les fonds de Kadhafi seront "donnés au peuple" rappelle les premiers décrets du gouvernement soviétique. A l’époque, le Conseil des commissaires du peuple avait suspendu toutes les transactions immobilières, les bâtiments étant confisqués "pour les donner au peuple" et l’argent de leur location étant destiné à aider la révolution mondiale.

Il semblerait que les membres de la réunion à Rome sont conscients de la fragilité de la base juridique de la mesure de confiscation. Mme Clinton a expliqué qu'une loi spéciale du Congrès américain créerait cette base aux Etats-Unis. En Union européenne on s’attend à une décision similaire des organismes législatifs paneuropéens concernant les comptes du gouvernement libyen. "Cet argent appartient au peuple libyen, et c’est la raison pour laquelle l’Italie et la France ont déjà demandé les organismes compétents de l’UE de trouver une solution", a déclaré le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini.

Quelle décision pourrait être prise par l’UE au sujet de l’argent qui ne lui appartient pas? La situation devient scandaleuse, car l’intangibilité de la propriété est l’un des principes européens de base.

"Est-il désormais possible de toucher à la caisse d’un autre Etat étranger, qui plus est sans aucune décision juridique? Cela ressemble à du banditisme!", s’indigne dans une lettre le lecteur du quotidien Le Monde Charles-Hubert de Girondiac. En ajoutant: "Au nom de quels principes démocratiques ces messieurs se permettent-ils de financer une rébellion armée, dont la légitimité démocratique et historique est remise en question?"

Bien sûr, ces événements suscitent des questions de la part de la Russie. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré que ce n’est pas le groupe de contact mais le Conseil de sécurité des Nations Unies qui devait veiller à la mise en œuvre de la résolution 1973, dont l’OTAN se sert pout justifier ses actions. "Nous répondons constamment aux questions de nos collègues russes du ministère russe des Affaires étrangères qu’il s’agit seulement de protéger la population civile et de la sauver de la famine", a déclaré une source de l’ambassade de Grande-Bretagne à Moscou à un commentateur de RIA Novosti.

Les membres du groupe de contact justifient également le besoin de confisquer les actifs libyens par la nécessité de nourrir les Libyens. Cela ressemble à la logique de la réquisition bolchevique. On crée d’abord artificiellement la famine, puis on procède à la confiscation des biens pour sauver les affamés.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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