mardi 5 juillet 2011

Situation sociopolitique : Les Frci en colère contre Ouattara

Publié le vendredi 1 juillet 2011 | Le Temps



Yopougon, autoroute du nord, un car en provenance de l’intérieur du pays stationne à un barrage des Frci. Un combattant qui procédait au contrôle de routine demande aux occupants du car «qui est Lmp ?» Evidemment tout le monde prend peur mais une dame réussit à vaincre sa crainte pour se designer .Elle est suivie par quelques occupants qui descendent du car. Le reste, visiblement des militants Rhdp, manifestent une joie qui sera de courte durée, car on leur exige chacun la somme de 2000F, à leur grand étonnement.
 La lune de miel a pris des allures très amères. Ecoutez plutôt ce combattant des Frci. «Nous sommes venus ici à cause de vous, maintenant que vous êtes au pouvoir, vous ne voulez plus donner notre argent. C’est vous qui allez payer». Cette scène parait banale, mais elle dénote de l’état d’esprit qui règne actuellement au sein des hommes que Ouattara a baptisé lui-même «Forces républicaines de Côte d’Ivoire» au plus fort de la crise postélectorale. Dans son bunker du Golf hôtel, un décret a été pris dans ce sens. Il donnait ainsi le signal que ce sont ses hommes qui allaient remplacer les Fds, une institution qui date de la période de Houphouët. Les recrutements ont donc été dans toute la Côte d’Ivoire avec la promesse ferme d’intégrer la nouvelle armée. Certains ont en plus reçu l’assurance d’être payés cash une fois qu’ils seraient venus à bout de Gbagbo. Depuis le 11 avril dernier cela fait trois mois que la France, aidée par les Frci, est venue à bout du Président Gbagbo. Chacun est donc en droit d’attendre son butin de guerre qui tarde à venir. Mais les nouvelles qu’ils reçoivent ne sont pas faites pour les rassurer. Il désormais question de les faire partir des postes qu’ils occupent sans rien leur proposer en contre partie. Alors que tous ont risqué leur vie dans les combats. L’armée française et l’Onuci commises pour la tâche y vont souvent avec les moyens forts comme s’ils traquaient encore des combattants pro-Gbagbo. «L’armée française arrive ici aux «Toits rouges» dans leur traque des Frci. Ils se mettent le plus souvent non loin du commissariat ou sont les éléments des Frci. Chaque fois nous avons peur en pensant au traumatisme que nous venons de vivre», explique, la peur au ventre, un habitant de ce quartier de Yopougon. C’est le même cas dans le secteur de Niangon ou les Frci jouent à cache avec la Licorne et les force onusiennes aux différents barrages qu’ils occupent. «C’est foutaise, nous on s’est battu pour eux. Ils ne peuvent pas nous chasser comme ça», se lâche de se faite, un combattant qui continue de tenir certains à Yopougon. Pour la plupart c’est d’ailleurs le seul moyen de se faire car aucun d’entre eux n’est payer. En clair chacun se paye sur le terrain comme il le peut. A ce niveau bonjour donc les dégâts et les exactions de toutes sortes. C’est par exemple le cas pour les régions où des éléments Frci chassés par la Licorne se sont réfugiés, kalache au poing. Les populations civiles ont de ce fait fuit les villages à cause des exactions qu’ils subissent. «Sous la menace des armes ils font payer tout aux paysans. C’est comme à l’époque coloniale», témoigne un jeune cadre de la région. C’est pratiquement le même danger que court les populations d’Abobo, la commune, où posseder une arme, la chose la plus normale. Au camp commando aux mains des Frci la menace est réelle. Des combattants commencent à réclamer leur butin sous la menace des armes. «Beaucoup commencent à fuir avec les armes. Ils se disent déçu du pouvoir qui les traîtent comme des indésirables après les avoir utilisés lors des combats», révèle un habitant d’Abobo qui vit dans les environs de ce camp. Ils ne veulent plus quitter les postes qu’ils occupent après gouté aux faveurs du treillis qu’ils portent. A Yopougon c’est pratiquement le même cas. Certains responsables locaux des Frci tentent des opérations de charme auprès des populations en leur proposant des manifestations de soutien, histoire de montrer que leur présence est salutaire dans la cité. Et donc que, les faire partir serait une erreur de les faire partir des commissariats et autres points qu’ils occupent. Evidemment, le manège a du mal à prendre, il s’agit quand même de Yopougon. Entre temps, la colère continue de monter chez un bon nombre qui se voit ainsi payer en monnaie de singe.
Guehi Brence

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