L'EXPRESSION - Jeudi 08 Décembre 2011 - 11:30
La fermeture des universités a occasionné la ruée des anciens et nouveaux bacheliers vers les grandes écoles privées.
Koutouan Anatole vient de décrocher son baccalauréat. Cependant, avec la fermeture des universités et les préinscriptions qui sont achevées au niveau des grandes écoles, Anatole ne sait que faire. «Au départ, j’ai ignoré les préinscriptions des grandes écoles, puisque je voulait coûte que coûte aller à l’université. Malheureusement, l’ouverture de l’université est prévue pour septembre 2012.
Pourtant, je n’ai pas fait de préinscription au niveau des grandes écoles et celles-ci sont terminées maintenant. Je viens d’avoir le Bac et je ne peux pas attendre la réouverture de l’université. Il me faut rentrer dans une grande école», se lamente-t-il. Comme lui, plusieurs nouveaux bacheliers avaient opté pour la formation universitaire. Grand fut leur étonnement d’apprendre qu’ils n’auront accès au temple du savoir qu’en septembre-octobre 2012.
Aujourd’hui, ces derniers sont dans la tourmente. «Il faut que l’Etat pense à nous orienter dans les grandes écoles. On ne peut pas avoir le bac et attendre pendant un an. Je souhaite qu’il y ait une deuxième vague de préinscriptions au niveau des grandes écoles », plaide Coulibaly Latif, qui souhaitait s’inscrire en Droit à l’université. Une inquiétude que partagent de nombreux parents depuis l’annonce de la fermeture des universités publiques d’Abidjan.
Silué Kafiégo n’est plus en paix. Il lui faut trouver une grande école pour accueillir son fils âgé de 22 ans, en 2ème année de Science économique à l’Université de Cocody. «Avec la fermeture de l’université, j’ai jugé opportun de l’inscrire dans une grande école. Je ne veux pas qu’il reste à ne rien faire pendant un an. Je souhaite qu’il fasse un Bts (ndlr, Brevet de technicien supérieur). En ce moment, nous sommes à la recherche d’une école où la formation est moins coûteuse», explique le parent d’élève.
On se renseigne beaucoup…
Ils sont nombreux les étudiants des Universités de Cocody et d’Abobo-Adjamé qui pensent à une reconversion dans la formation professionnelle. «Je cherche une prise en charge pour entrer dans une grande école. La formation revient un peu plus chère dans ces structures privées, sans les bons de réduction. Dans la plupart des écoles où je me suis renseigné, la scolarité au Bts va de 300 à 600.000 Fcfa. N’ayant pas les moyens de continuer directement dans les formations post-Bts, qui coûtent excessivement cher, avec ma licence en Anglais, je préfère faire la filière Gestion commerciale», souhaite Touré Joël.
Assetou Diaby de l’université d’Abobo-Adjamé veut également continuer ses cours dans une grande école. Mais les moyens lui font défaut. « J’ai parcouru plusieurs établissements supérieurs privés, mais les tarifs sont presque les mêmes. Mon plus grand problème est qu’il y a un déphasage entre la formation que j’ai reçue à l’université et ce que je compte faire. J’étais en année de licence des Sciences naturelles, au moment où la crise est survenue. Dans une grande école, je souhaite m’inscrire dans une filière qui cadre avec ce que j’ai commencé à l’université.
Mais il est difficile pour moi de faire un choix entre les filières qui me sont proposées », se lamente-t-elle. S’il est vrai qu’avec la fermeture des universités, beaucoup d’étudiants s’orientent vers les grandes écoles, il n’en demeure pas moins que ces structures font face à d’autres réalités.
…mais on s’inscrit moins
Car, les inscriptions se font aux compte-gouttes. « Nous demandons aux étudiants qui ont fait plus d’un an à l’université de nous fournir deux documents. Il s’agit de l’attestation d’admissibilité et de leur relevé de notes. Sans cela, nous ne pouvons pas les inscrire. Alors qu’ils sont nombreux à nous solliciter », explique Séka Hermann du service de renseignement de l’école supérieure des Hautes études technologiques et commerciales (Hetec). Selon lui, les étudiants sont nombreux à venir se renseigner sans pouvoir s’inscrire.
«Pour la plupart des universitaires qui arrivent, ils n’ont pas les documents qu’il faut pour s’inscrire. Lorsque nous leur demandons s’ils ont validé toutes leurs Unités de valeur (UV), ils répondent difficilement. C’est seulement leur reçu d’inscription qu’ils présentent. Alors que nous ne pouvons pas effectuer d’inscription avec ce document », souligne une source proche de la scolarité de l’Ecole supérieure de commerce et de gestion (Esk). La source indique que «les étudiants qui ont déjà fait un à deux ans en Science-Eco à l’université peuvent s’inscrire directement en 2ème année de Bts Finance-comptabilité.
Pourvu qu’ils se conforment au système de reconversion». Pour le responsable de l’Université Adama Sanogo d’Abidjan (Uasa), ‘’le manque de moyen fait que les étudiants qui viennent aux renseignements n’arrivent pas à s’inscrire. Car, la crise postélectorale a eu raison de beaucoup de parents’’. « Pour ce faire, nous avons décidé de leur proposer des modalités de paiement alléchantes. Les étudiants et nouveaux bacheliers qui arrivent ont la possibilité de s’inscrire à l’Esias (ndlr, Ecole supérieure internationale Adama Sanogo) comme à l’Uasa », propose Bah Counounao, directeur des études.
Tout comme lui, la plupart des responsables des grandes écoles privées ont décidé d’offrir la formation aux étudiants à des tarifs sociaux. « Notre pays a fait pratiquement dix ans de crise. La vie était chère. Nous avons toujours aidé les parents et les étudiants qui viennent expliquer leurs problèmes. Nous les aidons à travers des prises en charge pour deux ou trois ans de formation », confie une des responsables de l’Esk.
Selon elle, le prétexte des élections législatives, à cause de l’expérience de la présidentielle, explique aussi le manque de motivation au niveau des inscriptions. Pour plus d’assurance, la majorité des responsables de ces écoles s’accordent sur une bonne rentrée après les législatives. C’est-à-dire en janvier 2012.
Dacoury Vincent, Stagiaire
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