lundi 13 février 2012

Atmosphère malsaine à l’Ecole de police

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Getty Images
L’école nationale de police (Enp) n’a pas échappé au phénomène de désagrégation des structures publiques, particulièrement celles liées au secteur de la sécurité et de la défense.
Aujourd’hui règne au sein de cette école, un climat malsain dû aux affectations tous azimuts et surtout à la nouvelle de la radiation d’élèves policiers de la promotion 2009-2010. Dès la prise du pouvoir par Alassane Ouattara, le 11 avril dernier, son régime s’est empressé d’annuler tous les concours pourtant passés en bonne et due forme.

A l’instar de plusieurs concours organisés par différentes entités de l’Etat, le concours de police organisé en 2009 et dont, pour cause d’élection, les résultats ont été donnés en novembre 2010, a été purement et simplement annulé. Plus grave, le régime était déterminé à renvoyer entièrement les 1300 policiers de la dernière promotion de police, 2009-2010.

C’est grâce aux pressions de diplomates, de l’Onuci et de certaines têtes couronnées, selon une source de la direction générale de la police, que finalement le régime va se résigner à ne dissoudre que la promotion 2009-2010. Puisque dans le même temps, le régime préparait l’entrée à la police de 300 éléments des Frci, sans concours. Ainsi, n’ayant pas pu dissoudre cette promotion qu’il juge à tort de policiers «pro-Gbagbo», le régime va procéder de diverses manières pour réduire considérablement l’effectif. Une de ses trouvailles, c’est traquer ceux des policiers qui auraient de «faux diplômes».

Depuis quelques jours, des fonctionnaires du ministère de l’Intérieur ont été commis pour vérifier les diplômes et les extraits de naissance d’un certain nombre d’élèves-policiers. D’après des recherches qu’ils auraient effectuées, près d’une centaine d’élèves-policiers sont dans le collimateur des ‘‘rattrapeurs’’.

D’après les informations en notre possession, ces policiers sont accusés d’avoir «usé de faux diplômes pour certains et d’extraits de leurs frères pour d’autres afin de devenir policiers».

Au sein de l’école nationale de police, on en rit sous cape, parce que c’est une histoire vraiment rocambolesque à tout point de vue.

D’un, tous les diplômes des élèves-policiers ont été minutieusement vérifiés au début de la formation de ces derniers, depuis le 10 mai 2009, par les services de la Sous-direction de la Formation initiale, dirigée par le Commissaire Touré. A la suite de ces vérifications, 93 faux diplômés avaient été débusqués et radiés de la liste d’admis. Alors d’où vient-il encore qu’on parle de faux diplômes ? Et bien plus encore, à l’occasion de la polémique soulevée par Mamadou Koulibaly en juin 2010 concernant cette promotion, une double enquête menée par la police et la gendarmerie avait permis de lever tout équivoque.


Pour certains, il s’agit ni plus ni moins d’une cabale contre cette promotion qu’on a tenté de virer. Bien avant cette étonnante affaire de faux diplôme, les élèves-policiers qui étaient en régime externe (c’est-à-dire qui dormaient en ville et se rendaient à l’école tous les matins), ont été sommés au mois de décembre dernier de regagner l’école de police. Donc de revenir au régime interne qui suppose que ces élèves-policiers restent dans l’établissement jusqu’à leur sortie officielle. Contre toute attente, le 1er février dernier, on leur demande à nouveau de retourner en famille. 1300 policiers vont débourser globalement la somme de 122 200 000 Fcfa pour les deux petits mois passés à l’école. C’est-à-dire 14 000 Fcfa pour les matelas et 40000 Fcfa par mois pour la nourriture.

Pour certains élèves-policiers, leur retour forcé en régime interne répondait à un souci de la direction de l’Enp de se faire de l’argent et aussi, trouver un moyen de radier certains d’entre eux.

Malheureusement, ils n’auront aucune occasion de radier des élèves-policiers.

Affectation tous azimuts des encadreurs Décidemment, ce n’est plus la sérénité au sein de l’Ecole nationale de police (Enp). Il y a plus d’une semaine, le directeur de l’Enp a décidé de démanteler la «Formation», on ne sait pour quelle raison.

Sur 89 encadreurs chargés de la formation et de l’encadrement des élèves policiers, il a procédé à l’affectation d’une soixantaine d’entre eux, à travers le pays. Pourtant, les affectations dans les structures spécialisées de la police telles que l’école de police, ne se font pas sur un coup de tête. Elles obéissent à une mesure particulière.

Malheureusement, le directeur de l’Ecole de police a décidé de passer outre ces dispositions et de compromettre ainsi le bon fonctionnement de cette institution.

Depuis plusieurs jours, les élèves-policiers, notamment les 300 élèves-policiers Frci étaient livrés à eux-mêmes, sans encadreurs. Vu son erreur, le patron de l’institution a mis en vacances d’une semaine ses élèves. En tout, l’environnement semble délétère au sein de l’école nationale de police depuis plusieurs semaines.

Gérard Koné – Le Nouveau Courrier/Infodabidjan

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