samedi 28 mai 2011

Ouattara suspend les salaires des parlementaires:Mamadou Koulibaly‘’C’est une violation de la Constitution’’

Suspension de salaires et primes des députés / Après Mamadou Koulibaly 
Députés Pdci et Udpci réagissent 

Depuis deux mois, les parlementaires ivoiriens n’ont plus de vivres. Le nouveau régime a suspendu leurs salaires et autres primes afférents à leur fonction. Une mesure qui est diversement appréciée par les élus du peuple selon leur chapelle politique. Juste après l’investiture du président de la République à Yamoussokro le samedi 21 Mai 2011, nous avons interrogé Amoikon Edjampan Tiémélé, président du groupe parlementaire Pdci-Rda et Woï Messé député Udpci et vice-président de l’Assemblée nationale qui ont donné leurs avis sur la question. 

Le président du groupe parlementaire Pdci-Rda, l’honorable Amoikon Edjampan Tiémélé a dit ne pas être informé de la suspension des salaires des députés. ‘’C’est vous qui m’apprenez que nos salaires et nos activités ont été suspendus. C’est en tant que député que j’ai été à la prestation de serment et c’est aussi à ce titre que j’ai été à Yamoussoukro dans le cadre de l’investiture du président de la République. C’est dire que nos activités n’ont pas été suspendues. Qui mieux qu’un député peut porter le message de la réconciliation du président de la République aux Ivoiriens ?’’, s’est-il interrogé. 

Il a exprimé son assurance quant à la capacité du président Ouattara de sortir la Côte d’Ivoire de l’ornière. ‘’Avec le retour aux affaires d’un fils d’Houphouët-Boigny, je peux dire et pour l’avoir pratiqué que le président Ouattara fera mieux que tout ce que nous avons fait pour la Côte d’Ivoire. Je sais qu’il réconciliera les Ivoiriens et fera tout pour que le pays connaisse la paix et la stabilité’’, a-t-il conclu. Pour le vice-président de l’Assemblée nationale, Woï Messé, il s’agit plutôt de retard dans le paiement des salaires des députés et non d’une suspension. Retard qui serait dû, selon lui, à des difficultés de trésorerie de l’Etat. Mais qu’il a foi que cette situation ne saurait tarder.

‘’Je pense que ça doit être des rumeurs. Je suis vice-président de l’Assemblée nationale et jusqu’à maintenant, rien ne nous a été notifié que les salaires ont été suspendus. Nous pensons que ce sont des choses qui vont se régler dans les jours à venir. Moi, j’ai espoir que de toutes les façons, le salaire des députés sera payé. Il arrive des moments où il y a d’énormes problèmes à résoudre en même temps. Il est donc normal que quelques-uns attendent. Dans tous les cas, nous ne sommes pas les plus malheureux de ce pays-là et nous pouvons attendre un ou deux mois avant de recevoir nos salaires’’, a expliqué Woï Messé. S’agissant de la cérémonie d’investiture du président de la République, le vice-président de l’Assemblée nationale a estimé qu’elle marque le retour de la Côte d’Ivoire sur la scène nationale et internationale. 

‘’Au vu de l’ensemble des chefs d’Etat qui sont arrivés, on peut espérer et même croire que la Côte d’Ivoire est de retour véritablement. Cela est important parce que vous avez vu l’engouement que cette investiture a suscité avec la présence des fils et filles de la Côte d’Ivoire qui ont effectué le déplacement. Je suis satisfait du déroulement de cette cérémonie et je demande aux Ivoiriens de saisir cette opportunité pour qu’on se réconcilie. Il nous appartient de faire en sorte que nous puissions aller dans le sens du développement de ce pays, de travailler comme le président l’a dit. C’est le travail qui paie, c’est la discipline qui paie, c’est la paix qui paie et je pense que sur la terre d’Houphouët-Boigny, nous sommes en train de retrouver ce que le père de la Nation a prédit avant sa disparition. Ce qui veut dire qu’après Houphouët, c’est une équipe qui va conduire le pays. Tous derrière Ouattara pour pouvoir faire en sorte que le pays retrouve ses marques’’, a lancé Woï Messé. 
Dosso Villard 

Encadré 

Mamadou Koulibaly : 

‘’C’est une violation de la Constitution’’ 

Les salaires des députés ont été suspendus depuis quelques jours. Dans une interview parue le vendredi 27 mai 2011dans le quotidien gouvernemental Fraternité Matin, le président de l’Assemblée nationale le professeur Mamadou Koulibaly a réagi sur la question. Mamadou pense que la suspension des salaires des députés constitue une violation de la Constitution ajoutant que les conseillers du chef de l’Etat l’ont induit en erreur en prenant une telle mesure. « Les députés ne sont plus payés depuis fin avril. Le président Ouattara a pris cette disposition considérant que depuis le second tour du scrutin, les députés exerçaient dans l’illégalité. Décision étrange sachant que la Constitution ivoirienne établit une séparation entre les pouvoirs exécutif et législatif. 

Dans cette logique, il est étrange également que les fonctionnaires de l’Etat n’aient pas été soumis à ces sanctions. C’est tant mieux d’ailleurs. Je ne cherche pas à polémiquer sur cette histoire de salaires. Ce n’est pas un événement central et il faut réellement se concentrer aujourd’hui sur la réconciliation et sur les mesures qu’il faudra mettre en place pour que dans l’avenir, nos institutions ne soient pas un terrain de jeu pour les influents. Les conseillers juridiques du président de la République qui soutiennent cette violation de la Constitution doivent savoir qu’ils l’induisent en erreur et au parjure », a-t-il déclaré. Pour être plus convaincant, le président de l’Assemblée nationale a fait référence à la loi fondamentale de la République de Côte d’Ivoire. 

«Selon l’alinéa 4 de l’article 59 de la Constitution sur laquelle le serment du chef de l’Etat a eu lieu, les élections ont lieu 20 jours et 50 jours au plus avant l’expiration des pouvoirs de l’Assemblée nationale. Cela voudrait dire tout simplement que l’élection des nouveaux députés doit impérativement avoir lieu avant l’expiration du mandat des députés en place. L’élection législative n’étant pas intervenue, les pouvoirs de l’Assemblée nationale ne peuvent prendre fin. Le chef de l’Etat n’a pas raison de suspendre le traitement des députés. Il en est de même des émoluments des membres des autres institutions de la République». 

Touré Abdoulaye 

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