Ce n’est plus un secret. Certains éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) se sont spécialisés dans le racket des populations. Pour le voyageur qui prend la route, pour l’intérieur du pays, c’est l’anxiété. Pour mieux appréhender cette dure réalité, nous nous sommes décidés de prendre la route le lundi 23 mai dernier. Nous étions en partance pour San-Pedro à partir de Bouaké.
Après notre départ de la capitale de la Paix à 6 heures du matin, nous atteignons la ville portuaire aux environs de minuit. Si la longue distance (700 km) y est pour quelque chose, il n’en demeure pas moins que le racket opéré par les soldats des Frci a ralenti le trafic. Au niveau de Tiébissou, les Frci proches de Chérif Ousmane ne s’adonnent pas au racket des passagers. Il en sera ainsi jusqu’au dernier poste de Yamoussoukro détenu par les ‘’Guépards’’ .Seuls les camions sont soumis au racket. « A chaque groupe, il faut donner 1000 francs comme levée de barrage. Je viens de payer 5000 francs. 1000 francs pour les policiers, les gendarmes, la douane, les eaux et forêts et les Frci », se lamente le chauffeur du mini-car communément appelé Massa qui nous conduit. Empruntant l’axe Yamoussoukro-Gagnoa en passant par Zambakro, Konefla, Sinfra, Ouragahio, Mama nous nous rendons compte de la difficulté des voyageurs en cette période de crise post-électorale. « Les garçons descendez pour le contrôle. Les femmes et les vieux, vous pouvez restés dans le camion », ordonne un soldat, les cheveux teints, visiblement énervé. « Les gars, faites vite on va partir, San-Pedro est loin », conseille le chauffeur. En file indienne, nous passons devant un soldat chargé du contrôle des pièces. « Laissez tout ça là ! S’énerve-t-il. Donnez 500, vous allez partir. »
Sans mot dire, chacun de nous s’exécute. Puis, nous reprenons la route. Il en sera ainsi jusqu’à San-Pedro. K.M., un planteur rapporte avoir dépensé plus de 4.000 francs Cfa jusqu’à Méagui. Quant au chauffeur, il s’acquittait de la levée de barrière à chaque barrage. Il dit travailler à perte. « Si cette affaire ne cesse pas, on ne pourra plus faire la route », se plaint-il.
Allah Kouamé |
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