jeudi 26 mai 2011

Côte d'Ivoire : "Ils ont regardé sa carte d’Identité et l’ont abattu




Les victimes ont souvent été tuées en raison de leur appartenance
Deux missions d’enquêtes ont été menées par Amnesty International entre janvier et avril 2011.
Le rapport publié le 25 mai 2011 montre clairement que toutes les parties au conflit ont commis des crimes au regard du droit international, y compris des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Des centaines de personnes ont été tuées, souvent sur la base de critères ethniques ou d’affiliations politiques supposés. Des femmes et des fillettes ont été victimes de violences sexuelles. Des centaines de milliers de personnes ont dû fuir leur domicile.



Aujourd’hui encore, dans l’ouest du pays, des milliers de personnes continuent à vivre dans la brousse par crainte de rentrer chez elles. Elles appartiennent à des groupes ethniques considérés comme favorables à l’ancien président Laurent Gbagbo et ne sont que peu ou pas protégées, que ce soit par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire créées par le président Ouattara ou par les forces de maintien de la paix de l’ONU (ONUCI).
Amnesty International a recueilli à Duékoué (situé à près de 500 km à l’ouest d’Abidjan) plus d’une centaine de témoignages de personnes qui ont survécu au massacre commis le 29 mars par les membres des Forces républicaines de Côte d’Ivoire et leurs alliés.
"Ils ont demandé aux hommes et aux jeunes de s’aligner et leur ont demandé de décliner leurs prénoms et noms et de présenter leurs cartes d’identité. Puis ils les ont exécutés. " Il y a eu plusieurs centaines de morts.
Une base de l’ONUCI se trouvait à 1 km du lieu principal de ces tueries. Une femme a déclaré à Amnesty International : "Je suis allée voir les gens de l’ONUCI pour leur dire que nos hommes et nos garçons étaient en train de se faire massacrer et qu’il fallait intervenir et ils n’ont rien fait ".
De nombreux autres témoignages ont fait état des violences commises par les forces soutenant Laurent Gbagbo.
Une habitante de la commune d’Abobo à Abidjan a raconté que le 19 décembre 2010, des hommes étaient entrés chez elle en pleine nuit : « Deux ont emmené mon mari dehors et six sont venus vers moi. Ils m’ont tous violés à tour de rôle. Ils ont jeté les enfants par terre. Les enfants pleuraient. Moi je criais. […] Puis ils sont partis et j’ai trouvé mon mari couché dehors sur le ventre. Il était mort. »
En février et mars, ces forces ont aussi bombardé des zones très peuplées d’Abobo. Un témoin a déclaré : "J’ai encore l’image de ces deux femmes dont les jambes ont été coupées quand l’obus est tombé. Elles ont été conduites à l’hôpital mais n’ont pas survécu à leurs blessures".
Les nouveaux dirigeants du pays, notamment le président Alassane Ouattara et son Premier ministre Guillaume Soro font face à trois impératifs :
mettre immédiatement fin aux violations des droits humains commises actuellement à l’encontre des partisans supposés ou avérés de Laurent Gbagbo ;
rétablir l’état de droit et ordonner aux forces de sécurité de protéger toutes les populations ;
enquêter de façon impartiale sur les violences commises par toutes les parties au conflit depuis décembre 2010.
La crise qui vient de se dérouler trouve son ancrage dans l’impunité totale qui règne depuis une dizaine d’années dans le pays. Pour mettre fin au cycle de violences et de représailles, il est essentiel que justice soit rendue à toutes les victimes.





Source:http://www.amnesty.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire