dimanche 19 juin 2011

WADE EN LIBYE


Une contribution de:
Maître Cheikh Koureyssi BA
Avocat à la Cour, Dakar


WADE EN LIBYE
C’EST NUL ET… SENILE !

Le récent « Wade show » de Benghazi le 9 juin dernier inspire quelques réflexions et appelle des conclusions définitives. 

Les conclusions, en premier lieu. Le président sénile du Sénégal n’a décidément pas la classe des grands hommes d’Etat. Il n’a pas le souci du qu’en dira-t-on. Le jugement de l’histoire ? Il n’en a cure ! Il est et il reste au service des intérêts de la France. Il a vendu son âme au diable et compte en tirer des bénéfices. 

Les réflexions, en second lieu, sous forme de projections dans le futur. Wade expose notre pays aux pires problèmes dans la mesure où tous les actes qu’il pose sont autant de bombes à retardement qui vont inéluctablement exploser à notre face. 

S’il lui restait un brin de décence, de retenue ou de sagesse, il se serait gardé d’aller camper le rôle peu glorieux du missi dominici de la pègre internationale à Benghazi (d’ailleurs pourquoi pas à Tripoli, s’il était aussi courageux ?). La vieillesse est un naufrage, Wade en est l’expression achevée, lui qui, toute honte bue, se mue sur le tard en Vrp des impérialistes ! Ajoutant, à ses talents nationaux incontestables de courtier immobilier, des compétences marginales d’homme de main à l’international d’une mafia immonde qui rêve d’instaurer le Nouvel Ordre ! N’en jetez plus, voilà le triste bilan du non moins obscur cascadeur sénescent qui dirige le Sénégal nôtre en excellant dans un larbinisme inouï.


LE ROLE PEU GLORIEUX JOUE DANS LA TRAGEDIE IVOIRIENNE

Passe encore, m’a dit en soupirant une amie en compagnie de laquelle je regardais le spectacle à la télévision, passe si c’était un plouc comme Blaise Compaoré, Raïla Odinga, Koffi Annan, Konan Banny, ou un de ces nombreux autres pignoufs foisonnant dans le continent qui avait accepté cette sale besogne, mais Wade, tout de même ! Et en Libye, qui plus est!

La pauvre amie, elle oublie qu’à la conférence de Durban, c’est le vieux négrier qui avait pris la défense des nations occidentales coupables de s’être livrées à la traite des Noirs. Elle oublie, cette bonne amie, que c’est le même valet de l’impérialisme qui, dès le 17 Septembre 2002— sur le perron de l’Elysée où le président en exercice de la Cedeao qu’il était venait d’être reçu par Jacques Chirac — annonçait qu’il allait se passer quelque chose en Côte d’Ivoire où il y avait de gros risques de déstabilisation. Etant dans les « secrets du démon», il savait ce qui se tramait, mieux il avait accepté de participer au projet de coup d’Etat contre Laurent Gbagbo et au pillage-partage des ressources de pays-frère. 

Elle oublie, mon amie, que c’est le même tirailleur qui, à la demande de ses maîtres, avait parrainé l’accord de cessez-le-feu paraphé par son ministre des Affaires « étranges » de l’époque et aujourd’hui contempteur ingrat Cheikh Tidiane Gadio, uniquement pour arrêter la rageuse avancée des troupes loyalistes décidées à repousser les rebelles jusqu’au Burkina d’où ils étaient venus ! 

Elle oublie, l’amie, que c’est le même agent français qui avait été chargé de saboter les discussions de Lomé pour que toutes les parties ivoiriennes et la rébellion réunies dans la capitale togolaise soient acheminées à Linas-Marcoussis pour la définition du minable raccourci que nous savons. Elle oublie que c’était toujours lui, le grand frère de cette rébellion, qui avait été chargé de convoyer ses « enfants » jusqu’à la banlieue parisienne aux frais du pauvre contribuable sénégalais.

Après une pause, c’est encore l’infatigable pion de la diplomatie française qui avait servi de bélier avec ses tristes acolytes aux mains ensanglantées Compaoré et Goodluck Jonathan pour saborder toutes les résolutions de l’Union Africaine et installer leur ami le sanguinaire boucher Dramane Ouattara. L’imposteur avait d’ailleurs tenu à remercier son bienfaiteur pour sa présence durable à ses côtés jusqu’à la victoire finale ! C’était lors du discours prononcé le 21 Mai à Yamoussoukro à l’occasion de son « simulsacre » d’investiture ou simulacre de « travestiture ».

La «boulangerie» d’Abidjan fermée (enfin c’est ce qu’ils croient tous), place maintenant au «dictateur» de Tripoli que le vieil agent Wade doit aider à faire partir ! Sans état d’âme aucun, le tirailleur sénégalais ne s’est embarrassé d’aucun scrupule pour aller effectuer la mission de la honte, avec un aplomb qui laisse pantois. Pour peu le bon samaritain convaincrait le monde entier qu’il n’était allé voir ses nouveaux amis les voyous en sandales du CNT que parce qu’il avait le souci de sauver un vieil ami qui lui était cher, ce sacrifice lui paraissant comme le seul moyen d’attendrir l’affreux despote de Kadhafi.

Le gentil chargé de mission de Sarkozy-Obama a gagné du galon dans la mesure où sa mission a été médiatisée comme il le souhaitait. Un Sadate en miniature, grisé par les médias occidentaux et résolu à entrer à tout prix dans l’Histoire même si c’est par la mauvaise porte! C’est nul et sénile… Il y croit quand bien même, dur comme fer ! Sinon il est très fier d’avoir conjuré son ex-ami, bailleur et frère de décamper avant que les « Bwana » n’en finissent avec lui de la plus sale des manières. Et il fallait voir avec quelle force de persuasion il s’exprimait ! Crois-moi, Mouammar, ils ne blaguent pas…

O honte ! Nous avons honte ! Qui nous lavera de cette honte, nous Sénégalais ? Aussi loin que l’on remonte dans l’histoire de notre nation et celle du continent, il n’est pas possible de retrouver de telles manifestations d’assujettissement de la part d’un de nos présidents ! Même les supplétifs de la colonisation n’étaient allés aussi loin dans la courbette et le léchage ! Et si la façon ignoble dont les grands chefs bandits du monde ont opéré pour se défaire de Gbagbo l’empêcheur- de- piller- en rond, si ce procédé criminel n’a jamais été vu dans l’histoire des plus de deux cents ans des violences les plus abjectes de la colonisation, c’est bien parce que le malheur a voulu que, dans nos pays, des hommes comme notre Wade national soient aux « affaires » en même temps que des énergumènes de la pire espèce de l’acabit des Blaise Compaore, Jonathan Goodluck, Bongo-Eyadema fils, Idriss Deby et tutti quanti…

Avec de tels hommes aux commandes, tout est devenu facile pour ceux qui convoitent de recoloniser le continent africain. Il leur suffit de définir la cible, le reste sera un jeu d’enfant ! Ironie du sort, l’Occident également en pénurie de grands dirigeants doit se contenter en ce moment précis d’hommes d’Etats approximatifs du genre Sarkozy - Obama (que le fier Laurent Gbagbo, Africain digne et blessé dans son honneur, a eu la grandeur de refuser de prendre au téléphone !)… C’est donc en ce moment historique, marqué paradoxalement par un recul en chute libre des nations occidentales sur tous les plans, que l’assujettissement de l’Afrique est pour la première fois accentué à ce point. C’est le meilleur moment pour l’esclave de se libérer enfin du maître, mais c’est, hélas, le moment où le confort douillet de la captivité a définitivement grisé ce cheval de somme en le plongeant dans la volupté immodérée de l’écurie ! Allez-y comprendre quelque chose… 


QU’EST-CE QUI FAIT COURIR L’AGENT WADE ?

Surcouf le corsaire détient la réponse. Au cours de son procès, le juge lui avait jeté ces mots à la figure : « Nous Anglais, nous nous battons pour l’honneur, tandis que vous, Français, vous vous battez pour l’argent»! Le flibustier lui avait répondu, imperturbable : « Normal, Votre Honneur, dans la vie l’on ne se bat que pour ce que l’on n’a pas !»…

Wade n’a plus grand-chose à chercher dans la vie, la Providence lui ayant presque tout donné, à commencer par le pouvoir suprême d’Etat et tout ce qui lui est consubstantiel, ce pouvoir qui l’a tant démangé ! Mais c’est que l’homme n’est jamais rassasié : il en veut toujours plus ! Une rallonge, juste une toute petite prolongation, pour lui, pour commencer. Ensuite, un autre bail avec son fils cette fois-ci, histoire de boucler la boucle et de confectionner à sa douce moitié une carte de visite affichant le double statut de première dame et de reine-mère ! Qui dit mieux : le beurre, l’argent du beurre, la monnaie, la fermière, sa meilleure copine, et toute la ferme pendant qu’on y est ?

Le vieux briscard sait que cette quête improbable ne sera pas assouvie dans ce Sénégal-ci. Aussi, il a choisi le raccourci le plus rapide : passer par les nouveaux maîtres du monde, ces parangons du cassage de gueule qui vous tombent à bras raccourcis sur les peuples récalcitrants et assez insolents pour parler de principes de vie et de normes juridiques dans un monde civilisé, ces peuplades ignares oubliant que l’heure d’instaurer le new order a sonné, avec la définition d’un nouveau maillage de la planète ne laissant aucune contrée dans l’insoumission !

Voilà donc ce pour quoi se bat le père Wade! Il se bat pour que la bataille perdue d’avance du fils pour se faire un prénom soit victorieuse… Imposer un prénom afin de perpétuer un nom ! Et honni soit qui mal y pense !

Aussi, en amont et en aval de toutes les actions du père, on distingue derrière un rideau de fumée l’ombre fuyante, hypocrite mais omniprésente du fils. Un fils paresseux qui croit ingénument que ce pouvoir d’Etat que le père a tant bavé pour obtenir lui sera dévolu dans du papier-cadeau. Si le fils peut bénéficier de clémence parce que de toute évidence peu armé pour comprendre certaines réalités, que dire du père, vétéran de la politique qui a blanchi sous le harnais des combines et trahisons à répétition ? Un homme pratique, voire pragmatique, certes. Mais le scénario de la guerre faite à Laurent Gbagbo lui a incontestablement donné des ailes au point que, même s’il s’en défend, il ne peut plus s’empêcher de mettre la face imberbe de faux-ange du fils sur le visage déformé par la maladie de Dramane Ouattara... Deux petits raids aériens de son pote sur ces grandes gueules de Sénégalais plus poltrons que des lapins, et le tour sera joué, pour que vive le Sénégal, 103ème département français, 7ème département et territoire d’outre-mer du genre! 

Auparavant, le père aura obtenu ses deux certificats de participation et de victoire, le premier étant le passage obligé du second, et il ne restera au fils, déjà assis sur le fauteuil mais pas encore accoudé, qu’à être adoubé par madame la communauté internationale en reconnaissance du mérite du père. La souveraineté, la volonté populaire ? Allez demander aux Ivoiriens et aux Libyens ce que signifient ces expressions remplies de vide et de néant, qui ne disent ni œuf ni bœuf, ils vous répondraient par des soupirs…


LE SALAIRE DE LA TRAITRISE

Mais ce que semble oublier malgré son grand âge le fossile national, c’est que tout se paye ici-bas, et que le moment du bilan viendra inéluctablement pour chacun d’entre nous. La Côte d’Ivoire, justement, a vécu le martyre pour payer la dette de son premier président. Au four et au moulin des déstabilisations de pratiquement tous les pays africains, le vieux « sage » de Yamoussoukro a été de tous les coups tordus, de tous les coups d’Etat, de tous les conflits qui ont porté le deuil et la dévastation dans ces pays agressés par ses maîtres occidentaux. Le principe du karma a joué, et son propre peuple a été envahi de l’étranger et pillé, ses enfants éventrés, violés, égorgés, dépecés, le pouvoir tombé dans les mains de l’envahisseur, toujours avec l’aide des maîtres d’hier ! 

Tout comme Houphouët-Boigny, Wade a eu les coudées franches. Ses compatriotes l’ont laissé semer partout le grain de la discorde et de la division, sans qu’un seul ne se levât pour lui dire son fait. Réflexion faite, ceux qui capitalisent les plus fortes chances de lui succéder sont astreints à une sorte d’obligation de réserve les contraignant à avaliser tous ces méfaits au bénéfice du maître commun. 

S’opposer aux actes de Wade ne serait autre que dénoncer le pacte colonial qui l’oblige à agir ainsi ! Flétrir son interventionnisme intempestif, c’est compromettre toutes leurs chances devant ce maître fouettard à la mémoire d’éléphant ! Aussi une espèce d’omerta qui ne dit pas son nom accompagne-t-elle la besogne diplomatique de l’agent en mission, semblant même lui conférer une once de crédibilité, de dignité et de légitimité au grand bonheur de ses partisans dopés par l’absence de critiques de l’action mafieuse de leur mentor. 

Et c’est cette loi du silence, fortement corrélée avec cette autre loi naturelle voulant que l’on ne récolte que ce que l’on a semé, qui fera le lit de nos malheurs à venir, à Dieu ne plaise… Rien ni personne n’a pu empêcher les mauvaises actions sur le plan diplomatique du président du Sénégal de monter jusqu’au Ciel, avec leur cortège d’horreurs, de hurlements et de pleurs de milliers d’innocents. Rien ni personne ne pourra, pas plus, empêcher la colère du Ciel de descendre jusque sur le président du Sénégal... Donc sur nous tous, également coupables d’avoir été si nuls pour avoir laissé un sénile allumer des feux partout…

Me Cheikh Koureyssi BA avocat à la Cour

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