Le Président Gbagbo parmi ses avocats et ses proches, récemment à Korhogo.
Le 05 décembre 2011 | IVOIREBUSINESS - Laurent Gbagbo, le Président kidnappé et déporté à Korhogo puis à La Haye, et accusé de quatre chefs de crimes contre l`humanité par le régime d’Alassane Ouattara comparaîtra pour la première fois lundi, devant les juges de la Cour pénale internationale (CPI), à 14H00 (13H00GMT).
Il s’agira pour les juges de vérifier l’identité du Président Gbagbo, dont le patronyme a été écorché sur l’acte officiel d’accusation. En effet, il y est mentionné Laurent Koudou Gbagbo en lieu et place de Laurent Gbagbo.
Ce dernier sera aussi informé clairement des charges portées contre lui et des droits que lui reconnaît le Statut de Rome, traité fondateur de la Cour, dont la Côte d’Ivoire n’est pas signataire.
La juge Silvia Fernandez de Gurmendi, présidente du tribunal, devrait également annoncer lundi la date de l`audience de confirmation des charges, étape préalable à la tenue d`un éventuel procès Laurent Gbagbo, qui a annoncé lors de son transfèrement que son inculpation par la CPI était illégale et qu’il pourrait ne pas coopérer avec cette dernière.
Soupçonné d`être "coauteur indirect" de crimes contre l`humanité lors des violences post-électorales de 2010-2011, à savoir meurtre, viol, actes inhumains et persécution commis par ses forces entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011, Laurent Gbagbo, 66 ans, a été incarcéré mercredi au centre de détention de la Cour à La Haye.
Le mandat d’arrêt international a été émis à son encontre par la CPI le 23 novembre dernier et rendu public mercredi 30 novembre.
Dans la nuit du 29 novembre, il quittait la Côte d`Ivoire à destination des Pays-Bas, dans des conditions très cavalières, dénoncées par ses avocats.
L’un de ses avocats parisiens, Me Emmanuel Altit, déclarait vendredi dernier que le Président Gbagbo était "sous le choc de la surprise" de son transfert à La Haye, dénonçant "la brutalité de cet enlèvement" mais assurant que son client est "lucide et prêt à se battre".
A l`issue de l`audience de confirmation des charges, dans plusieurs mois, les juges devront déterminer si les preuves collectées par l`accusation sont assez solides pour la tenue d`un procès contre le Président Gbagbo.
Ce dernier demandera aujourd’hui à la Cour "de constater l`irrégularité de son arrestation de son transfert à La Haye et d`en tirer les conséquences".
Le refus d’Alassane Ouattara de reconnaître sa défaite à l’élection présidentielle, défaite dûment confirmée par le Conseil constitutionnel dirigé par Yao N’dré, a été à la base de la crise meurtrière qui a fait 3.000 morts en Côte d’Ivoire.
En visite à Abidjan, Le procureur Luis Moreno-Ocampo avait promis le 15 octobre une enquête "impartiale" qui ciblerait "trois à six" personnes" ayant les plus lourdes responsabilités dans les crimes commis lors de la crise.
Mercredi dernier, il a assuré que Laurent Gbagbo ne serait "pas le dernier" à devoir rendre des comptes pour les crimes commis en Côte d`Ivoire, affirmant qu`"il apparaît que des crimes ont été commis dans les deux camps".
Mais plusieurs observateurs et ONG tels que Human rights watch, le CICR et Amnesty international n’ont de cesse de dénoncer une justice des vainqueurs en Côte d’Ivoire, car seuls les pro-Gbagbo ont pour l’instant été inquiétés par la justice nationale ou internationale. Alors que plusieurs rapports de ces Ong citent nommément des pro-Ouattara dans des massacres et crimes de guerre, sans que ces derniers ne soient inculpés. Pis, ils ont fait l’objet de nominations dans la haute hiérarchie militaire ivoirienne.
Source : Ivoirebusiness
Patrice Lecomte
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire