lundi 5 décembre 2011

PROPOS LIMINAIRE LORS DE LA CONFERENCE DE PRESSE INTERNATIONALE (LA HAYE, Lundi 05 décembre 2011)

Par Toussaint Alain, lundi 5 décembre 2011, 11:22.
(Seul le prononcé fait foi - Embargo jusqu’à 9h30)

 Mesdames et Messieurs de la presse,

Je vous remercie d’avoir aimablement répondu à notre invitation à cette rencontre qui se tient à quelques heures seulement de la première comparution du Président Laurent Gbagbo devant la Cour Pénale Internationale (CPI).

Au terme d’une enquête éclaire, Monsieur Louis Moreno-Ocampo, Procureur de la CPI, a délivré, le 23 novembre 2011, aux autorités judiciaires de la République de Côte d’Ivoire, un mandat d’arrêt international à l’encontre du Président Laurent Gbagbo, arbitrairement détenu depuis le 11 avril 2011 dans le Nord du pays par les forces de Monsieur Alassane Ouattara. Le mardi 29 novembre 2011, le Président Gbagbo était brutalement et illégalement déporté en Europe, plus précisément au Centre de détention de Schvenigen, situé dans la banlieue de La Haye.

Nous dénonçons le parti-pris d’une procédure insensée, prétendument judiciaire, qui a conduit au transfèrement illégal et à l’incarcération tout aussi illégale du Président Gbagbo, victime expiatoire d’une justice politique, dans un dossier instruit par une juridiction qui, dans cette affaire, fait plus de politique que du droit. Il est illusoire, ici, de penser que la justice serait guidée par la recherche de la vérité.


La présence du Président Laurent Gbagbo dans le box des accusés est manifestement une erreur judiciaire, une tromperie, une manœuvre pour liquider politiquement, socialement et physiquement un homme qui a consacré sa vie à défendre ses idées politiques de manière pacifique, pour un idéal de démocratie et de respect des institutions souveraines de la Côte d’Ivoire.


Il convient de préciser que dans ce conflit postélectoral, les agresseurs sont Messieurs Alassane OUATTARA, Guillaume SORO et leurs mercenaires.


Dès le début de la crise postélectorale, un commando dit « invisible » dirigé par Ibrahim COULIBALY alias « IB », ex-garde du corps de Monsieur Alassane OUATTARA et co-auteur de la rébellion de 2002 a perpétré des attentats meurtriers contre les force de l’ordre et les civils de certains quartiers d’Abidjan.


Quel Chef d’Etat, digne de ce nom aurait pu laisser sa population se faire massacrer sans demander à l’armée d’intervenir pour se dresser contre ces mercenaires de OUATTARA et mettre fin au massacre ?
Sans l’intervention de l’armée gouvernementale des milliers de villages auraient été rayés de la carte de la Côte d’Ivoire par les mercenaires de Monsieur OUATTARA.


Il ne peut donc être sérieusement retenue à l’encontre du Président Laurent GBAGBO la responsabilité d’exactions qui auraient été commises sur les populations civiles.


Il convient encore de rappeler que toute cette crise est née d’un contentieux électoral qui aurait pu être résolu par le simple recomptage des voix, comme proposé par le Président Laurent GBAGBO.
Malheureusement, Monsieur Alassane OUATARRA a catégoriquement refusé le recomptage des voix, et a préféré une agression militaire par ses mercenaires pour la prise du pouvoir.
Même le Secrétaire Général de l’ONU a considéré que le recomptage des voix serait une « injustice » et a préféré le bombardement des populations civiles ayant occasionné des milliers de morts.


C’est ainsi que les bombardements de sites civils par l’ONU et l’armée française, conjugués aux exactions commises par les mercenaires de Monsieur OUATTARA ont abouti à la capture, à la séquestration, puis à la déportation du Président Laurent GBAGBO à la CPI.


Ainsi, par la seule volonté de la France, Ouattara a transféré à la CPI, le Président Laurent Gbagbo en violation de la constitution et des lois ivoiriennes. C’est un procès de type néo-colonial. La CPI est devenue l’instrument, la chose de la France qui s’en sert pour assouvir ses noirs desseins politiques, régenter le paysage politique en Afrique, aider à l’accession au pouvoir de copains ou punir les dirigeants africains indociles comme le Président Gbagbo.


En effet, le statut d’ancien Chef d’Etat du Président Laurent GBAGBO aurait dû conditionner son transfèrement à une autorisation préalable de l’Assemblée Nationale requise par le Procureur Général près la Cour Suprême.


Par ailleurs, en sa qualité actuelle de membre de droit du Conseil Constitutionnel ivoirien, le transfèrement du Président Laurent GBAGBO exigeait également une autorisation préalable du Conseil Constitutionnel, outre l’arrêt de la Chambre d’accusation autorisant son extradition.
Or, aucune de ces procédures ne fut respectée ! Aucune de ces autorisations préalables ne fut sollicitée par les autorités ivoiriennes.


En outre, avant tout transfèrement, il revenait aux autorités ivoiriennes d’obtenir des dérogations auprès du Conseil de Sécurité des Nations Unies et du Conseil de l’Union Européenne afin de permettre le transfert du Président Laurent GBAGBO en toute légalité eu égard à la mesure d’interdiction de voyager qui le frappait.
Les autorités ivoiriennes sont là encore dans l’impossibilité de justifier de telles dérogations.


Comment dans ces conditions peut-on parler de justice quant au traitement fait au Président Laurent GBAGBO ?


Enfin, la seule lecture du mandat d’arrêt suffit à se convaincre de sa nullité.


En effet, l’état-civil qui y figure ne correspond en rien à celle du Président Laurent GBAGBO.
C’est ainsi qu’il est fait état dans le mandat d’une personne nommée Laurent Koudou GBAGBO, identité qui ne correspond pas à celle du Président Laurent GBAGBO.
Il est encore fait état dans ce mandat d’arrêt de ce que le dénommé aurent Koudou Gbagbo, né le 31 mai 1945 dans le village de « Mama, alors que le Président Laurent GBAGBO est né le 31 mai 1945 à BABRE (Commune de GAGNOA).

Tous ces éléments démontrent la précipitation, l’amateurisme et le dessein inavoué des autorités ivoiriennes de voir « liquider » politiquement leur principal adversaire, le Président Laurent GBAGBO. Ouverte le 3 octobre 2011, les « enquêtes » ont rapidement abouti, et sans surprise, à l’inculpation du suspect préféré de la communauté internationale.


N’en déplaise à Monsieur OUATTARA, pour une écrasante majorité d’Ivoiriens et d’Africains, le Président Laurent GBAGBO reste l’un des pères de la démocratie et du multipartisme en Côte d’Ivoire et en Afrique, un éveilleur des consciences, et surtout un grand pacifiste.


Le Président Gbagbo est, malgré lui, l’acteur principal d’un mauvais film de série B. Il y a une erreur de casting car les vrais premiers rôles du drame, qui se joue en Côte d’Ivoire depuis le 19 septembre 2002, manquent à l’appel :
- Nous pensons, en particulier, à Monsieur Alassane Ouattara, chef de guerre de la rébellion armée devenu chef d’Etat par la volonté militaire de la France, des Etats-Unis et de l’ONU à l’issue d’un putsch électoral.
- Nous pensons également à Monsieur Guillaume Soro, chef politique et militaire de la rébellion, aujourd’hui Premier Ministre de Monsieur Ouattara.
- Nous pensons enfin à tous les mercenaires co-dirigés et financés par Messieurs Ouattara et Soro, auteurs de crimes atroces qui ont causé la mort d’au moins dix mille personnes depuis le 18 septembre 2002.


Nous nous étonnons que le Procureur, dans la période qu’il a délimité pour son enquête ait passé sous silence le plus grand massacre de la période postélectorale ayant fait plus de huit cent morts à DUEKOUE.
Etant observé qu’à DUEKOUE, les victimes des forces de OUATTARA étaient choisies en fonction de leur ethnie et de leur affinité politique supposée avec le Président Laurent GBAGBO.


Plus grave, Monsieur OUATTARA n’a non seulement pas condamné ces massacres, mais il a promu en grade et en responsabilité ses mercenaires, et ce malgré les critiques des organisations internationales qui demandaient des sanctions à leur encontre.


Ainsi, en organisant cette comparution de la honte, la CPI décerne définitivement un brevet d’impunité au régime tyranique et illégitime de Monsieur Ouattara et à ses forces sanguinaires. Elle crée de facto une jurisprudence qui fera assurément des émules en Afrique et inspirera de futures rébellions.


Nous vous remercions.


Intervenants :
- M. Toussaint ALAIN, Conseiller du Président GBAGBO
- Maître Habiba TOURE, Avocate (Barreau de la Seine-Saint-Denis), Membre du Collectif des Avocats de la Famille GBAGBO

Publié par Henry Agré à l'adresse 12:56


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